Aujourd’hui, je me résous à vous confier ma dernière expérience, que je nommerai la « Double Peine. » Sophie m'ouvre à nouveau son blog, et je l'en remercie du fond du coeur.
Vous connaissez mon histoire d’hypersexuelle. Je la résume rapidement, et ceux qui le souhaitent trouveront les détails dans ce blog.
J’ai subi plusieurs agressions sexuelles et viols.
De l’âge de huit ans et demi, jusque vers neuf ans passés, pendant dix mois, un homme a pratiqué des attouchements sexuels sur moi, en prenant ma petite sœur de cinq ans à témoin. Il m’a aussi
violée trois fois, quand elle n’était pas là. Si je parlais, il me menaçait de lui faire la même chose.
A quatorze ans, mon prof d’anglais s’est attaqué à moi, lors de cours particuliers que mes parents m’avaient payés avec lui. C’a duré trois mois. Bien évidemment, je n’ai rien dit, car il me
promettait que personne ne me croirait. Parole de prof contre parole d’élève…
Enfin l’été de mes dix-neuf ans, mon « petit ami » a organisé une tournante. J’ai subi ce viol collectif comme le pire des cauchemars. Une fois de plus, je me suis tue, persuadée que
c’était ma faute. J’avais été chez lui pour faire l’amour avec lui. Je ne savais pas qu’il avait prévenu ses copains. Ils m’ont prise de force, sans doute à plus de dix. Pour moi, j’étais
responsable. Je n’avais pas à aller chez lui… J’ai été enceinte, de ce viol, et j'ai du avorter.
Ce n’est que trois ans plus tard que j’ai parlé à un psy des deux premiers viols, mais j’ai attendu quinze ans avant de parler du dernier, tellement persuadée d’être la seule coupable…
Dès mes vingt ans, je suis devenue hypersexuelle en compensation de ce que j’avais vécu. Enfin, à l’époque, je n’avais pas cette conscience-là ! J'ai multiplié les amants d’une nuit et les
aventures d’une heure à l’infini, à m’en donner la nausée.
A vingt-cinq, j’ai rencontré un garçon de mon âge, dont je suis tombée amoureuse. Nous parlions mariage… Dans un souci d’honnêteté, et parce qu’il me le demandait, je lui ai raconté ma vie.
Enfin, j’ai fait l’impasse sur la plupart des mes aventures, je ne savais que trop ce qu’il pensait des filles dites " faciles."
Je lui ai en revanche parlé des mes viols, de l’avortement. Et j’avais à peine fini de parler qu’il s’est détaché de moi, s’est relevé, est allé à la fenêtre et m’a demandé de partir, sans même
se retourner. J’ai obtempéré, persuadée que c’était le choc de mes aveux.
Que nenni ! Jamais je ne l'ai revu. Il m’a fait dire par un de ses amis qu’il ne voulait pas faire sa vie avec une fille aussi souillée que moi. J’étais impure, une femme de mauvaise vie. Si
ca m’était arrivé, c’est bien que j’avais un peu du le chercher !
Inutile de vous dire quel choc ce fut. J’étais anéantie, brisée, une fois de plus. Je ne comprenais pas, mais je me disais que peut-être, il avait raison…
Je me suis jetée encore plus à corps perdu dans le sexe à outrance, allant au bout du pire. Comme pour me punir… je me suis jurée de ne plus jamais rien dire à un homme.
Les années ont passé. Un mariage raté, des enfants, une vie banale et accablante. J’ai quitté mon mari, je suis partie loin. Depuis ma séparation, j’ai cumulé à nouveau les aventures sans
lendemain, même si j’essayais d’avoir des relations plus suivies, de façon à ne pas trop multiplier les partenaires. Pourtant rien de sérieux, des petits coups de cœur parfois, mais vite passés.
Et au mois de mai de cette année, j’ai retrouvé un homme que je connaissais depuis longtemps, sans qu’il se soit rien passé entre nous. Il était marié, je connaissais sa femme, je ne voulais pas
lui faire de mal.
Un tragique évènement nous a rapprochés. A cette occasion, il m’a annoncé son divorce.
Nous avons parlé de plus en plus souvent, nos points communs étaient nombreux, les sentiments ont pris de l’ampleur. Et ce qui devait arriver arriva : un soir de juillet, nous sommes tombés
dans les bras l’un de l’autre. Ce fut une folle passion. Je l’aimais comme je n’avais jamais aimé auparavant. Il était exactement comme je conçois mon homme idéal. Il faisait tout ce que
j’attends d’un homme, sans avoir à lui demander avant. Le paradis sur terre ! Il m’aimait, il me le disait, me promettait de nous marier dès mon divorce prononcé. Nous faisons l’amour à
merveille, nous étions parfaitement compatibles dans nos envies…
J’ai vécu très exactement quatre semaines d’un bonheur parfait. Le paradis sur terre. Je me disais qu’enfin, j’avais trouvé un homme bien, qui m’aimait et que j’aimais, digne de confiance.
J’étais sur un petit nuage.
Pourtant, dans nos longs moments de câlins, il y a un geste que je n’ai jamais supporté, c’est qu’il me tienne la tête pendant une fellation, pour « m’aider » dans le rythme. Je n’ai
jamais supporté d’aucun homme, car mon premier violeur me faisait cela.
Il a fini par me demander ce qui me gênait. Je lui promis la vérité.
Et le lendemain, après une journée en tous points exceptionnelle à la plage, au restaurant, je me suis décidée à tout lui dire de mes différentes agressions sexuelles... Je n’ai pas parlé de mon
hypersexualité, et des multiples conquêtes. Je pensais le faire plus tard. Je m’en suis donc tenue aux viols.
Nous étions dans les bras l’un de l’autre, sur le canapé. Il m’a écoutée sans rien dire. Puis a murmuré des mots d’encouragements et de réconfort. Et il a abordé un autre sujet, banal.
Le soir, pour la première fois depuis quatre semaines, nous n’avons pas fait l’amour en nous couchant. J’ai mis cela sur le compte de la fatigue.
Mais le lendemain matin, rien non plus. Il était distant, me demandait de ne plus lui dire que je l’aimais, car « ca lui faisait du mal », sachant qu’il allait devoir partir trois jours
plus tard en Guadeloupe.
Je n’ai pas trop compris, mais ne me suis pas posé plus de questions. Il me disait toujours qu’on allait se marier, il parlait de notre vie future, avec nos enfants respectifs… Nous ne faisions
presque plus l’amour. Il prétendait que je l’avais épuisé.
Et trois jours plus tard, il partait, pour revenir normalement un mois plus tard.
Il n’est jamais revenu.
Non seulement il n’est jamais revenu, mais ce fut le silence total. Impossible de lui parler. J’ai d’abord imaginé le pire : accident, maladie, hôpital, même le décès.
Je me suis résolue à appeler sa sœur sous un faux prétexte. Mais tout allait bien, selon elle. Il ne répondait à aucun appel. Je lui ai écrit. En vain. Je me suis posé mille questions, totalement
anéantie de cette situation. Le cœur en miette, le cerveau en salade, j’étais dans un état de nerf lamentable. Je n’avais même plus envie de faire l’amour, moi, l’hypersexuelle invétérée…
Mais que se passait-il donc ???
Et la semaine dernière, par sa sœur, j’ai fini par savoir la vérité.
Il est un homme encore plus lâche que je ne l’aurais jamais imaginé, il ne m’a rien dit. Quel homme, si l’on peut encore le qualifier de ce nom !!!!
Sa sœur m’a avouée qu’il était revenu chamboulé, et lui avait raconté ce qu’il s’était passé entre nous. Sans plus, sans parler de rupture.
Et il y a uelques jours, alors qu’elle lui demandait de mes nouvelles, il lui a répondu que j’étais une trainée, une moins que rien, limite une pute, qui ne savait pas dire non.
J’en ai eu un malaise, tant le choc a été violent. Sa sœur voulait savoir la vérité, car nous nous connaissions un peu, et elle n’imaginait pas ça de moi. Alors, je lui ai tout raconté. Elle
était horrifiée, mais encore plus de l’attitude de son frère.
Elle m’a dit qu’elle voulait lui parler en tant que femme, lui expliquer ce que j’avais subi. J’ai refusé. Comment renouer éventuellement avec un homme qui pense cela de moi ???
Pourtant, il a quarante-six ans, il n’est pas un gamin comme le gars de mes vingt-cinq ans.
Depuis, je pleure sans arrêt, je ne mange plus, je ne dors plus. Une fois de plus, j’aurais du me taire. Depuis son départ, il y a pile trois mois, je n’ai plus refait l’amour. Plus aucune
envie. Jamais dans ma vie, ce n’est arrivé. Il a tout brisé en moi.
Alors, je vous le demande, quand on a été violée, reste-t-on coupable à vie ???
J’ai déjà subi de gros traumatismes, et il faut, en plus, que je paye toute ma vie car les autres hommes diront que je suis une salope, une trainée de la pire espèce ???
Je suis en colère, anéantie. Je pleure en vous écrivant cela. Je me sens impuissante.
Pourquoi suis-je condamnée deux fois ??? Dans le droit français, la double peine est interdite. Pas par la société, pas pour moi.
Parce que j’ai été violée, jamais je n’aurai le droit d’être heureuse ? Jamais je ne pourrais avoir une vie de couple « normale » avec un homme qui ne me traiterait pas de sale
chienne galeuse ?
Si à mon âge, je ne dois plus jamais avoir le droit à quelques miettes de bonheur, alors autant en finir tout de suite…
Merci de m’avoir lue jusqu’au bout, et je souhaite ne pas trop vous avoir « saoulée » avec mes états d’âmes.
Merci à vous tous,
Marine
Le 06.01.10
Vous avez été nombreux à me soutenir, et je vous en remercie. Mais je crois qu'aujourd'hui, j'en ai pris mon parti. Le désir sexuel qui m'animait intensément est
mort. Rien, plus l'ombre d’une envie, d'un désir. Le nant total. Certaines comme Janine vont être heureuses : je n'ai plus envie de faire l'amour. Plus du tout.
Même le simple contact masculin me révulse de plus en plus. La semaine dernière, il s’est passé une anecdote révélatrice :
Ma voiture est tombée en panne, et j’ai du faire appel à un dépanneur. Il est arrivé, beau comme tout. Il était un homme charmant, tout à fait mon genre.
D'ailleurs, comme le font souvent les créoles, en moins de cinq minutes, il me disait très clairement que je lui plaisais. Mais je n'ai pas pu…
Il a tenu à me faire la bise en partant, pour la "nouvelle année". Mais quand il a laissé s'égarer ses lèvres trop près des miennes, j'ai failli lui envoyer une
gifle.
En d'autres temps, j'aurais happé sa langue avec la mienne. Et nous aurions rapidement « conclu » dans son camion ou ma voiture !
Mais là, c'est tout le contraire ! Pourtant, je n'ai plus fait l'amour depuis cinq mois. Rien, même pas le début du commencement d'une envie. Mon ex a vraiment
réussi la totale, même ce que mes violeurs n'avaient pas réussi à faire ! Il a annihilé tout désir sexuel en moi.
C'est comme ça. Je me demande aujourd'hui si je supporterai encore les mains d'un homme sur moi. (ou d'une femme, d'ailleurs...)
De toute façon, je ne pense plus pouvoir faire confiance à un homme un jour. Il m’a trahie, humiliée, brisée. Je ne sais même pas si je vais encore le supporter
longtemps… Mais après reflexion, je me dis que je n'ai que ce que je merite.
Voilà, je viens à nouveau vous ennuyer un peu avec mes états d’âme, mais ca me pèse trop.. Et ce blog est aussi pour parler de ce qui nous fait souffrir…
Merci de m’avoir lue jusqu’au bout,
Marine