Ce texte a été écrit débuit 2009, en réaction aux propos tenus dans les médias, et par certaines personnnes dans la population, après le
viol collectif d'une jeune fille de 14 ans, dans un collège.
Elle a été attirée par con copain, et "offerte" à ses potes. Tout a été filmé par des téléphones portables. Et sous prétexte que la gamine ne semble pas vouloir trop se défendre, certains ont jugé
bon de dire qu'elle était consentante, y compris le Procureur, dans un entretien à la presse locale. Ces propos écoeurants ont amené Marine à témoigner de son calvaire.
Ce qu’il vient de se passer au collège est immonde, et que certains puissent dire que la jeune fille était
consentante est la pire des insultes, la pire des cruautés.
Qu’en savez-vous vous tous, avec votre bonne conscience qui refusez de voir la vérité en face, et qui
préférez vous cacher derrière le fait qu’on n’y peut rien, puisqu’elle le voulait ??? Toutes des salopes, n’est-ce pas ???
Personne, je dis bien, personne, ne me fera croire qu’une gamine de 14 ans est consentante pour des relations
sexuelles multiples. C’est abject de penser cela.
Alors, ce soir, je vais vous dire mon histoire, que peu de personnes connaissent, car 25 ans après, j’en ai
encore honte, (c’est un comble), et que jamais je ne m’en suis remise. Aujourd’hui, je suis incapable d’avoir des relations normales avec un homme. Pas une ne dure, je ne peux pas faire
confiance.
Cela s’est passé dans la région bordelaise, un soir de juillet 1985. J’avais 19 ans, je sortais, comme on dit
avec un garçon de mon âge, présenté par mon cousin. Garçon faisant partie, comme l’on dit, de la « bonne société bordelaise »…
Au bout de 3 semaines de relation « chaste », il me demande de venir chez lui, en l’absence de ses
parents, partis pour le week-end.
N’étant pas tout à fait naïve, je savais que si j’allais chez lui, c’était pour faire l’amour. J’étais
d’accord, consentante, si vous préférez.
La soirée se passe, nous faisons l’amour dans sa chambre. A minuit, coupure d’électricité. Il prétend aller
chercher des bougies. Quand la porte s’ouvre, je lui demande où sont les bougies, il répond par une sorte de grognement, et vient se coucher à coté de moi. Je veux lui passer la main dans les
cheveux, et là, je fais un bond. Au lieu de ses cheveux lises, ils sont très frisés. Je m’écarte et tache de distinguer dans l’obscurité qui c’est. Je veux me lever quand je m’aperçois que ce
n’est pas X.
(Rien que d’écrire ça, mon cœur bat à tout rompre, et mes doigts tremblent tant et plus sur le
clavier…)
Je n’ai pas le temps de me lever, il m’attrape brutalement par le bras et me dit : « après mon
copain, c’est moi, c’est comme ça. Tu t’es bien faite baisée par lui, maintenant, c’est mon tour. »
Je panique, et commence à crier, appelle X. à l’aide. Et là, 5 ou 6 garçons entrent dans la pièce. Ils me
jettent sur le lit, 4 m’empoignent les jambes et les bras, les jambes écartées bien sur. D’autres entrent encore dans la pièce. Le premier « passe », je crie, je hurle, je tente de me
débattre, je prends deux gifles. Ca les fait rire, on dirait que ca les excite encore plus. Je suis terrifiée. Ils me font mal (je saignerai pendant plus de 8 jours après, des déchirures
qu’ils m’ont faites).
Au bout de trois types, je cesse de me débattre, j’ai trop mal. En plus, l’un deux me dit que si je ne me
laisse pas faire, ils feront pareil à ma sœur de 14 ans.
Comme je ne crie plus, un m’enfourne son sexe de force dans la bouche. J’étouffe, je pleure, j’ai des
haut-le-cœur. Ils rient encore plus. Je ne sais pas combien ils ont été. J’ai arrêté de compter à 5.
Ils m’ont aussi sodomisée, une première pour eux. Visiblement, un triomphe. Bien évidemment, ils n'ont pris acune précaution, me forçant l'anus sans ménagement. J'ai saigné, j'ai été déchirée. Pendant des semaines, j’ai eu mal, je ne pouvais plus aller
aux toilettes, car je hurlais de douleur.
Il y avait un réveil sur la table, c’a duré plus de deux heures. J’ai regardé chaque minute de ce cauchemar
passer.
Combien ils ont été ? 5, 10, 15, plus ? Je ne sais pas.
A un moment, une fille est entrée, je ne sais pas comment elle est arrivée là. Elle m’a regardée d’un air de
mépris total et m’a dit : « toi, la pute, dégage et ne touche plus à mon mec. »
Elle m’a jeté mes vêtements et a empêché les mecs de me retenir encore. Je suis sortie à moitié nue, sous la
pluie d’orage, je ne savais même plus où je devais aller, je ne connaissais pas le quartier. Ils m’ont suivie en voiture, j’étais encore plus terrifiée, humiliée, détruite. Aucun mot ne peut
traduire ce que l’on ressent à ce moment-là.
Je suis rentrée chez moi je ne sais même plus comment. Je me suis douchée pendant des heures. J’étais sale,
écœurée, repoussante, dégoutée de moi-même. Je n’en n’ai parlé à personne. Porter plainte ne m’a même pas effleuré l’esprit. J’étais coupable, puisque j’avais été de moi-même chez lui. Qui aurait
voulu me croire. Il y a 25 ans, on en parlait encore moins qu’aujourd’hui. Je me suis tue pendant presque 20 ans.
Parce que vous savez, dans ce genre de situation, je me suis sentie coupable et responsable pendant des
années. Après tout, comme me l’a si bien dit mon cousin quelques jours plus tard « tu l’as bien cherchée, je ne savais pas que tu étais aussi salope… Tu savais ce que tu voulais en allant
chez lui… »
Parce que ces salopards, ils en avaient parlé à tout le monde. Je suis devenue la fille facile, la pute qu’on
peut baiser comme on veut. Alors, bien sur, il n’y avait pas de caméra, pas de portable, mais la réputation ne s’efface pas non plus. Je n’ai pas porté plainte, tellement j’étais persuadée de
« l’avoir bien cherché ». Je suis sure qu’aujourd’hui encore, ils en parlent comme d’une bonne blague de vacances, d’avoir baisé la pute de Marine, « et en plus, elle aimait
ça… »
Il y a 6 ans seulement, j’ai un vu « Envoyé Spécial » où une jeune femme parlait de la même chose
vécue comme moi, mais dans un club Med. Elle avait accepté d’avoir des relations sexuelles avec un GO, mais en fait, tous étaient là et l’avaient violée. Comme moi, elle se sentait responsable,
car elle avait été se son plein gré dans sa case.
J’ai appelé le numéro donné à la fin. Et là, pour la première fois, j’ai parlé. La femme au téléphone m’a dit
que c’était un viol, collectif, de surcroit. Oui, j’étais d’accord pour des relations, mais avec UN SEUL garçon, pas avec toute sa bande. C’était donc bel et bien un viol.
C’est la première fois que je mets ça par écrit, et c’est encore une terrible souffrance, toujours
aujourd’hui, comme à chaque fois que j’entends parler de viol, collectif ou pas.
Pendant des années, j’ai laissé les hommes faire de moi ce qu’ils voulaient. N’importe qui me faisait des
avances, je répondais oui, qu’il me plaise ou non. J’étais incapable de dire non, de peur qu’il ne me force. Jai dû avoir plus de 400 hommes différents dans ma vie, où plutôt, plus de 400 me sont
passés sur le corps. Oui, là j’étais consentante, enfin, plutôt, je ne disais pas non... Mais d’après vous, où commence le consentement ???
J’ai réussi à mettre un terme à ces horribles relations après avoir vu le reportage cité plus haut, et après
une longues séries de visites chez un psy.
Mais comme je l’ai dit au début de ce texte, aujourd’hui, je suis incapable d’avoir une relation
« normale » avec un homme, je ne peux plus faire confiance, même 25 ans après.
Alors, « messieurs » qui pensez que cette jeune fille était consentante, qui vous le fait
croire ???? Si on m’avait filmée pendant ce viol, j’aurais parue consentante à un certain moment. J’avais trop mal, trop peur, pour moi et pour ma sœur. Alors, je ne me débattais
plus.
Et en plus, comme l’a dit une intervenante sur Blada, je suis prête à parier que, tout comme visionner le
film, lire mon texte en aura fait bander certains !!!
Les hommes sont des porcs, et encore, c’est faire insulte à cet animal que de dire cela.
Une dernière chose : pas de préservatif à l’époque. X. en avait mis pour la première relation. Rien pour
les suivantes. Bilan : une grossesse, et donc un avortement, et une Mst en prime.
Avant de dire des conneries, certains feraient mieux de tourner 7 fois leur langue dans leur bouche. Et par
pitié, si vous avez le film en main, prenez-le, et détruisez-le du portable dans lequel il est. Ca sera toujours ça de gagné.
Merci de m’avoir lue jusqu’au bout, et j’ose espérer que ca en fera peut-être réfléchir
certains…