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  • : Ce blog est un espace de liberté, où les femmes hypersexuelles pourront parler comme elles le veulent, se confier, et nous faire comprendre comment elles en arrivent à être ce qu'elle sont.
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Témoignages

Mercredi 9 septembre 3 09 /09 /Sep 11:40

Je m'appelle Soraya., j'ai trois enfants et je suis d'origine marocaine. J’habite aujourd'hui en Belgique. Je me suis mariée, je n'avais même pas 15 ans. C'était un mariage arrangé au Maroc. Je ne voulais pas me marier mais ma mère voulait car elle croyait qu'elle allait mourir, et pour l'argent aussi.

Le jour même du mariage, il m'a déjà battue parce que je ne voulais pas avoir de rapports sexuels. J'étais pleine de sang. Après 15 jours de mariage, il m'a ramenée en Belgique dans le coffre de la voiture. On a vécu chez mes beaux-parents pendant plus ou moins 8 mois. Je ne le voyais presque pas, il était toujours dans les cafés, il rentrait tous les 2 ou 3 jours dans la nuit. Pendant cette période, il m'a claqué la tête contre le mur, je suis tombée dans le coma, je suis restée deux mois à l'hôpital. Je n'avais pas de papiers, on m'a fait passer pour ma belle-sœur. Je ne sais pas ce que j'ai eu car on parlait flamand et je ne comprenais pas. Il ne s'est même pas excusé, il n'avait aucune pitié.

Quelques temps après, je suis tombée enceinte de mon premier enfant. A ce moment-là, je me suis demandée ce que j'allais faire. Je me suis encore sentie plus liée à lui. Si j'avais eu mes papiers, je crois que je serais partie. Je n'avais pas de papiers parce qu'on croyait que c'était un mariage blanc. J'ai tout essayé pour le faire partir, je me jetai par terre... Mais il a tenu bon.

Quand j'étais enceinte de 7 mois, mon beau-père nous a mis dehors et on a emménagé dans une maison. Il n'y avait pas de chauffage, de nourriture, il rentrait tous les 5, 6 jours. Je ne pouvais pas me plaindre de cela à lui car sinon, il me mettait dehors en combinaison et me faisait descendre la rue comme cela ne plein mois de février. Je devais mettre la djellaba ... alors que dans ma famille, on ne vivait pas comme ça. Je ne pouvais pas sortir car mes beaux-parents me surveillaient. Puis il a voulu déménager pour échapper au regard de ses parents, pour pouvoir faire tout ce qu'il voulait. Il a fallu se réhabituer à une autre maison, très grande. Là, je n'étais plus surveillée, mais il fermait la porte à clé quand il s'en allait.

Là, il a commencé à ramener des femmes à la maison. J'étais obligée de leur servir le thé, voir s'il n'avait besoin de rien sinon j'étais battue. Puis j'ai accouché de mon fils. Je n'avais pas le droit de me plaindre, sinon il frappait, mais il m'a quand même emmené à l'hôpital.

J'ai fait une dépression, je me suis sentie seule, je pensais à ma famille. De 80 kg, je suis passée à 46 kg. L'argent de la prime de naissance est passé dans la drogue, je n'avais rien pour le gamin. Heureusement, que mon oncle de France a acheté des choses, sinon je n'avais rien. Après, ça a continué comme avant. Il ne rentrait pas. Je n'avais pas de chauffage, rien à manger et si je me plaignais, il me mettait dehors en pleine nuit. J'allais en cachette chez une voisine demander un carton de lait. Une fois, il a mordu le gamin, il a hurlé. Je lui ai demandé pourquoi il avait fait cela. Cela ne lui a pas plu : il m'a battue avec le fil de la radio. Je n'ai plus pu bouger pendant plusieurs jours. .

Avant d'avoir mes papiers, je n'osais pas partir car j'avais peur d'être renvoyée chez ma mère, et j'avais peur de ma mère et de mon oncle. Et quand j'ai eu mes papiers, j'avais peur de lui et peur de perdre mes enfants. Je me sentais paralysée, j'avais l'impression que toutes les grilles étaient fermées.

Presque tout de suite après, je suis de nouveau tombée enceinte, mais il l'a fait partir avec des coups, il me frappait au ventre. J'avais des hémorragies mais il ne voulait pas que j'aille à l'hôpital. Je me soignais moi-même avec des plantes.

Puis je suis tombée enceinte de mon deuxième fils, et on a encore déménagé. On a vécu de la même marnière, j'étais enfermée à clé. J'ai accouché chez moi car il n'était pas là et l'ambulance est arrivée trop tard (j'avais demandé aux voisins de l'appeler). Il est arrivé et il a dit : "Qu'est-ce qu'il a ? Il est crevé ?" en regardant le bébé à terre. Je suis partie à l'hôpital. Mon gamin est allé en pédiatrie et moi en maternité. Il ne venait pas nous voir. J'étais triste, j'avais envie de mourir. Il devait venir nous chercher à l'hôpital, il n'est jamais venu, il était dans les cafés. Quelqu'un d'autre a dû me ramener. Quand il est rentré, il m'a battue. Il disait que j'aurais dû l'attendre.

Puis on a encore déménagé. La police venait tous les jours avec les chiens pour chercher la drogue. La vie était la même qu'avant : les femmes ... Puis il m’a déposée au Maroc dans une maison de sa famille, seule pendant un an. Je n'osais pas me plaindre à ma mère car j'avais peur qu'elle tienne avec mon mari. C'est le grand-père de mon mari qui m'a aidée. Il nous a payé le billet d'avion pour revenir en Belgique.

Je suis retournée chez mes beaux-parents, j'ai eu une hémorragie, donc mon gynécologue m'a donné la pilule. Mon mari s'en est rendu compte. Alors il m'a pissé dedans. J'étais la bonniche, je nettoyais, je faisais la bouffe pour 12 personnes. Puis on a acheté une maison, et je suis tombée enceinte de jumelles et il me les a fait perdre à 7 mois ½ de grossesse. Il sautait sur mon ventre. Plus il voyait de sang, plus il sautait. Il me disait : "Crève et je veux voir ce que tu as dans le ventre crever aussi". Je suis allée à l'hôpital, j'étais toute bleue. Mon gynécologue m'a donné l'adresse d'un avocat. Mais j'ai jeté la carte car je pensais qu'il fallait beaucoup d'argent pour prendre un avocat.

Puis il a commencé à frapper mon 2e fils, il ne le supportait plus, il demandait à l'aîné de le frapper. Une fois, il l'a pris par les pieds, a mis sa tête dans le wc et tirait la chasse.

Je me mettais toujours entre eux pour recevoir moi-même les coups. Puis j'ai eu mon 3e fils et puis encore une fausse couche. J'ai commencé à parler à des assistantes sociales car j'avais peur pour mes enfants. On a exigé qu'une assistante sociale passe à la maison pour voir les enfants. Après chaque visite de l'A.S., il était méchant avec le gamin et je me mettais entre. il me disait qu'il me crèverait, que je finirais dans le congélateur car de toute façon j'étais orpheline, que le gamin avait la sale gueule de sa mère. Il était méchant avec le gamin pour un oui ou pour un non. Il donnait tout au premier et rien au deuxième.

Les derniers temps avant de partir, il me demandait de lui faire à manger en pleine nuit et me menaçait de jeter le bébé par la fenêtre si je ne le faisais pas. Il tenait le bébé dans le vide, en chemisette en plein mois de décembre.

 

J'ai appelé l'A.S., j'étais décidée à partir, j'étais au courant qu'il existait des maisons d'accueil. J'ai fait deux maisons d'accueil avant d'arriver au refuge car je n'étais pas en sécurité dans ces maisons-là. Une fois que je suis arrivée au refuge, j'étais soulagée. Le seul regret que j'ai, c'est que je sois restée si longtemps, mais je pensais que la loi belge m'obligerait à retourner avec mon mari. Je suis restée six mois au refuge pour femmes battues. J'ai été bien reçue, j'étais en sécurité et mes enfants aussi. J'étais chez moi. Je m'entendais bien avec tout le monde, personne ne me donnait des ordres. On m'a aidée à reprendre confiance en moi. J'ai suivi une formation à l'affirmation de soi au refuge.

 

Maintenant ça fait 6 ans que je vis seule avec mes trois enfants. J’ai des contacts réguliers avec le refuge. Mon ex-mari vient de temps en temps chercher le plus grand des gamins. Il ne m'agresse plus parce que je lui montre que je n'ai plus peur de lui. Mais après tout ce temps, dans sa tête à lui, je suis encore sa femme. A l'heure actuelle, je vais à l'école, j'apprends à lire et à écrire en français. Je travaille avec des femmes.

J'ai envie de dire à toutes les femmes que dès qu'elles sentent que quelque chose ne va pas, il faut partir. Je suis persuadée qu'il y a encore beaucoup de femmes qui ne savent pas qu'il existe des maisons d'accueil et c'est dommage car si je l'avais su plus tôt, je serais partie beaucoup plus tôt.

 

Sophie : Soraya, vous avez subi l’‘enfer. C’est inimaginable de penser qu’un être « humain » peut se comporter de cette façon avec sa femme !!!

 

Vous avez quand même trouvé le courage de partir, et je vous en félicite. J’espère que vous trouverez en fin une paix durable, et une vie tranquille, telle que vous la méritez.

 

Votre témoignage, comme ceux des autres femmes sui ont parlé ici doit prouver à toutes celles qui hésitent, qu’il ne faut plus SUBIR. IL FAUT PARTIR. Quitter l’enfer dans lequel vous vivez. Vous n’êtes pas seules…

Par Sophie - Publié dans : Témoignages
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Vendredi 4 septembre 5 04 /09 /Sep 00:07

Je m’appelle Charlotte, j’ai 50 ans et deux filles de 17 et 20 ans. J’ai eu une enfance heureuse, j’étais bien. J’ai cinq sœurs et trois frères. Mon père était un peu sévère : on ne pouvait pas sortir ni aller dans les dancings. Il fallait toujours que tout le monde mange ensemble, il aimait que toute la famille soit réunie. Mes frères, eux, pouvaient sortir. Chez nous, les garçons sont plus libres que les filles. Mon papa n’était pas un homme violent, c’était un homme sévère, strict. Mais on pouvait s’habiller comme on voulait et se maquiller.

J’ai vécu chez mes parents jusqu’à l’âge de 29 ans. J’étais la plus âgée et je jouais un peu le rôle de maman car ma maman ne savait pas bien parler le français. Donc c’était moi qui allais acheter les chaussures de mes frères et sœurs avec eux, qui préparais les mariages, les communions, ...

J’ai toujours travaillé sauf quand j’ai eu ma deuxième fille. J’ai arrêté, car on me proposait un mi-temps. Puis j’ai recommencé. Je ne travaille plus depuis trois ans. Mon mari ne m’a jamais demandé d’arrêter de travailler. Au contraire, il fallait que je travaille pour ramener de l’argent. Mon mari était facteur et à ce moment-là, il travaillait la nuit, à 4 h du matin.

Pendant nos fiançailles, il était charmant : on allait boire un verre, on allait au restaurant, au cinéma, on allait voir ma famille. C’était un homme galant : il m’ouvrait toujours les portes. Tout ce que je faisais était bon pour lui. D’ailleurs, il avait une maison du côté de Charleroi, et il l’a vendue pour venir habiter par ici. Je pouvais continuer à voir mes copines, m’habiller comme je voulais. Il n’était pas jaloux. On se voyait tous les après-midi. Donc, je n’ai pas vu que c’était un alcoolique, car il buvait toujours le soir. C’était un bon vivant, il me disait qu’il aimait bien boire un verre, mais cela ne m’a jamais inquiétée car mon père aussi aimait boire un verre, mais raisonnablement.

C’était un garçon malheureux. Son père a quitté sa mère, et il a été placé à l’âge de deux ans. Puis sa mère l’a repris, mais elle l’a replacé à l’âge de 13 ans car elle ne savait pas en faire façon. C’était un vagabond, et donc, il n’a pas vécu dans un bon contexte familial, il n’avait pas un esprit de famille comme chez moi. J’ai été de ce fait plus compréhensive avec lui car je me disais que comme il n’avait jamais vécu dans une famille unie, il avait du mal à vivre normalement avec nous.

La violence a commencé quand on s’est mariés. Elle était d’abord psychologique et morale. A partir de là, j’ai eu deux maris, un charmant et un démon. Quand il avait bu, si ça ne se passait pas comme il le voulait, il cassait tout : la table, la vaisselle. Et je lui donnais toujours raison même quand il avait tort pour ne pas augmenter la dispute. Mais le lendemain, quand je lui disais, il me disait de ne plus parler de cela, qu’on était bien, calmes. Il me demandait si je cherchais encore de la dispute, alors je me taisais. C’était un homme qui cherchait les problèmes, aux voisins, à ses collègues et quand on les cherche, on les trouve. Mais il disait que c’était les autres qui lui cherchaient misère.

Il était très autoritaire, dominateur avec nos filles. Elles avaient très peur de lui et même actuellement, elles ne veulent toujours pas le voir. Elles devaient rester assises sans bouger, ne pas boire en mangeant. Elles devaient nettoyer sa volière avec un couteau ou une fourchette, ramasser les affaires qu’il avait jetées dans la pelouse (tiroir rempli de mouchoirs, d’essuies, ...). Elles ne pouvaient pas jouer avec les voisins. Il voulait des oies, des chiens, des oiseaux, des chats, des hamsters. Mais c’était les enfants qui devaient nettoyer les crasses. Il pouvait donner un animal sans s’occuper que ses filles s’y soient attachées.

Une fois qu’il avait bu, il a obligé ma fille de 8 ans à conduire sur l’autoroute et il lui a dit de ne rien me dire sinon il me tuait. Souvent, il les punissait pour rien dans leur chambre sans livre, sans écrire et sans musique. Quand il avait bu, on devait être là, à sa disposition. Je ne pouvais pas sortir. Mais je ne répondais pas, je ne le contredisais pas, je me sentais coupable. Je me disais que peut-être, je ne savais pas m’y prendre avec lui et que c’était pour cela qu’il buvait. Le plus dur, c’est qu’on ne pouvait jamais parler de nos problèmes, car sinon, il disait que je cherchais la dispute.

 

Quand les enfants ne faisaient pas ce qu’il disait comme il le disait, il lui arrivait de leur mettre une claque et elles avaient tellement peur qu’elles faisaient pipi sur elles. Quand il avait bu, nous étions ses servantes, nous devions lui obéir au doigt et à l’œil. Mais comme de toute façon, quoi que nous fassions, ce n’était jamais bien, c’était toujours le bordel. Et comme il buvait tous les jours, c’était comme cela tous les jours. Tous les jours, il nous menait à la baguette, il cassait des choses, brûlait des nappes, jetait mes linges dans la rue, jetait la nourriture ou faisait du chantage au suicide. Il lui arrivait quelques fois de prendre des médicaments devant nous ou de prendre un couteau et de se couper les veines.

Quand je n’en pouvais plus, je partais dans ma famille, mais il revenait me chercher en me disant qu’il n’allait plus boire, qu’il allait se soigner. Et j’y croyais parce que, pendant que je restais là, il ne buvait pas un verre, il était toujours à sang frais. Et j’avais beaucoup de mal à partir, car le matin à jeun, d’une certaine manière, il m’achetait, il disait qu’on allait faire plein de choses. Il carrelait, faisait le jardin, il mettait la main à tout. Il était vraiment charmant, et une fois qu’il avait bu, c’était fini, ce n’était plus le même homme.

Il cherchait des problèmes à tout le monde, menaçait ma famille avec sa 22 long, achetait sans se soucier de nos moyens (grosse voiture, chiens, ...). Il n’a pas voulu que je veille mon père à sa mort. Il battait ses animaux. Je calmais toujours les choses car, pour moi, la famille c’était important. Je voulais qu’on mange tous ensemble et puis qu’on aille se promener. Je recherchais cela, alors j’évitais les conflits et lui donnais toujours raison. Et quand je lui demandais les raisons de son comportement, il disait que c’était de ma faute.

La violence physique a commencé le jour où j’ai refusé qu’on achète un terrain à bâtir à côté de la maison pour y faire un terrain de jeux pour les enfants. C’était la première fois que je ne voulais pas faire quelque chose qu’il disait. Ce jour-là, il a tout cassé dans la maison, il a appelé la police parce que je ne voulais pas signer la promesse d’achat. Il a porté les enfants chez ma mère et quand il est revenu, il m’a battue, j’avais le visage tout noir.

A partir de ce jour-là, je n’ai plus eu qu’un homme méchant, même quand il n’avait pas bu. Ce n’était plus le même qu’avant, il était agressif, cherchait toujours les conflits. Il m’a battue régulièrement, même devant les enfants. Cela a encore duré plus ou moins un mois.

Un jour, ma belle-sœur m’a donné le numéro du Refuge. Un jour, il voulait encore que je signe pour le terrain, je n’ai pas voulu et il m’a dit que si je restais là le week-end, il me tuait. Alors, j’ai décidé d’aller chercher mes enfants à l’école, et je suis allée au Refuge pour Femmes Battues. Je suis restée là six mois. Heureusement que je les ai eues pour mes démarches, pour me réinstaller. On m’a montré que ce que je vivais était grave, que ce n’était pas ma faute, que j’en avais déjà beaucoup trop supporté.

Maintenant, cela fait 8 ans que je vis seule avec mes filles. Je me suis acheté de beaux meubles petit à petit et je suis fière de ma maison. Je vais bien malgré quelques problèmes de santé dus au stress (ulcères, hypertension) car je gardais toute ma colère en moi, je n’osais pas l’affronter. Mes filles n’ont plus jamais voulu voir leur père. Quand il leur arrive de le croiser en rue, elles changent de trottoir. Quelques fois, il me téléphone encore et il me dit que maintenant notre couple ne marcherait plus car je suis méchante. Ma famille me bourre la tête. Or, je ne suis pas méchante mais maintenant j’ose lui répondre, lui dire non et cela, cela ne lui plaît pas. Maintenant, je pense que si je lui avais répondu, la violence physique aurait commencé plus tôt, que l’alcool était quelque part une excuse, que dans le fond, il était méchant mais à sang frais, il n’osait pas m’affronter.

Je pense qu’il faudrait faire beaucoup plus de publicité sur des lieux où peuvent se réfugier les femmes battues car beaucoup de femmes restent chez elles car elles ne savent pas où aller. Il y a encore des milliers de choses à raconter, je pourrais écrire un roman.

 

Sophie : une fois de plus, votre expérience est bouleversante, et parle d’elle-même. Bravo d’avoir eu le courage de partir. Toutes les femmes ne l’ont pas, car leur volonté est totalement annihilée par celle de leur mari violent.

Puissent-elles trouver, comme Kilana, la force de faire comme vous !

En tout cas, si vous avez encore envie d’écrire, le blog vous est grand ouvert !

Par Charlotte - Publié dans : Témoignages
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Jeudi 3 septembre 4 03 /09 /Sep 01:32

Jean-Marie a raison. Il y a aussi des hommes qui sont battus et écoutés à la légère. Qui va croire l'homme? En tant que femme, j’ai le beau rôle. Si mon mari en parle, on va rire de lui.

Ca fait 20 ans je suis mariée. Les trois premières années de mon mariage, je frappais mon mari.

 

S’il regardait une fille un petit peu trop belle, je le fessais. Si en regardant la TV, il y avait par malheur une fille en mini-jupe et qu’il ne tournait pas la tête ou ne fermait pas les yeux, il en mangeait une.

Je lui ai même déjà fracturé les côtes, l’empêchant d’aller à son travail. Je l’ai déjà frappé avec une ceinture quand il était dans son bain aussi.

La nuit, je rêvais qu’il partait avec une autre fille, et je me réveillais en le fessant, tellement certaine que ça allait arriver un jour ou l’autre.

 

Je le traitais de chien, de sale bon à rien et de mauvais coup.

Durant 3 ans, il n’y a pas eu une semaine où il ne s’en ait pas mangé une.

Un jour, j’ai voulu le mettre à bout en le giflant, et en lui disant de me frapper. Je lui ai dit qu’il était incapable de se défendre et qu’il avait peur. Il s’est écroulé en pleurant. Du coup, je ne l’ai plus frappé pendant 5 mois. J’ai ensuite recommencé avec une claque qui est partie toute seule, mais mon mari était devenu moins patient qu’au début.

Je savais juste quand arrêter avant de le mettre à bout. Je voulais juste qu’il sache qu’il avait mérité cette punition, que je pouvais lui faire mal. Qu’il ne pouvait pas faire ce qu’il voulait. Durant les 4 ans qui ont suivi, je ne l’ai plus vraiment frappé. A part la fois où je l’ai surpris en train de se masturber. Il savait qu’il était en tort.


Il m’a fallu longtemps pour lui refaire confiance. Je me cachais pour voir ce qu’il faisait et j’espionnais l’historique de son ordinateur pour voir s’il allait sur des sites pornos. J’ai vu un psychologue pendant 9 ans. Tout allait bien jusqu’à se que je le reprenne à se masturber devant la TV alors qu’il regardait un film X.

 

Je savais à l’intérieur de moi que quelque chose n’allait pas. Nous en avons discuté toute la nuit et la semaine d’après je l’ai forcé à regarder des films de sexe avec moi. Au début, il ne voulait pas, mais je l’ai forcé pendant 3 mois. Ca m’a aidé. Je voyais bien que le désir ne venait pas des filles, mais de l’effet de voir du sexe à la télévision... Mon mari m’a ensuite convaincue d’arrêter.

Il disait que ça supprimait les préliminaires et que l’on peut devenir accros. En tout cas, je suis devenue moins jalouse.

Aujourd’hui, ça fait 20 ans que l’on est ensemble. Tout va bien, sauf qu’il est resté marqué, car lorsqu’une femme est dévêtue à la télévision ou qu’il y a une scène de cul, il tourne la tête ou ferme les yeux au cas où je me fâcherai. J’ai encore de la violence en moi, mais je me maîtrise plus.

Sauf si un jour je le surprends avec une autre fille. Il le sait aussi.

 

 

Sophie : Béatrice, votre témoignage est bouleversant. Vous avez du courage d’avouer que vous frappez votre mari. C’est tout à votre honneur, même si, bien sur, je ne peux cautionner ces violences.

Sur ce blog, aucun homme n’a encore écrit pour dire qu’il frappe sa femme, et enter d'expliquer poruquoi !

 

Vous avez su reconnaitre que vous aviez un problème, et vous avez fait le nécessaire pour le résoudre.

Par contre ne croyez-vous pas que si vous le voyez avec une autre femme, il n’y aurait pas d’autre solution que de le frapper ???

Votre mari doit vous aimer beaucoup, pour avoir tout supporté. Vous ne dites pas comment il réagissait à vos coups.

 

Vous avez du aujourd’hui vous rendre compte que le dialogue règle souvent les problèmes, sans violence, comme dans le cas des films X. Continuez sur cette voie, c’est la meilleure pour vous, pour lui, pour votre couple.

 

Merci de votre courage.

Par Béatrice - Publié dans : Témoignages
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Mardi 1 septembre 2 01 /09 /Sep 00:26

Sophie : une fois n’est pas coutume, j’écris ce petit mot avant le témoignage d’Olga.

Certaines femmes pourraient être choquées de son histoire. Elle a choisi une voie dure, guidée par un amour aveugle, qui lui a fait accepter des choses innommables.

Son témoignage, et son histoire, sont différents des drames vécus par la majorité des femmes battues. Mais il reste d’une violence atroce. Je vous demande donc de ne pas la juger. Nul n’a le droit de frapper une autre personne, surtout dans le but de l’asservir, de l’humilier. Surtout en se servant pour cela de l’amour aveugle que la victime porte, parfois en dépit du bon sens, à son bourreau.

 

Je préviens les âmes sensibles que mon récit est très dur.

 

Je suis l'épouse de Philippe, un mari candauliste*, qui m'a poussée à prendre un amant car il ne me satisfaisait pas dans nos relations intimes. J'ai fini par céder à son insistance et, de juillet 2007 à mars 2009, Rachid, un jeune beur de la cité sensible de ma ville, est devenu mon amant.

Ce n'est pas de notre relation dont je veux parler, car je l'ai fait sur notre blog mais, en accord avec Sophie, mais de la maltraitance que j'ai subie avec Rachid.

 

Celui-ci s'était installé chez nous, dormait avec moi, me faisait l'amour devant mon mari, en conformité avec le candaulisme de celui-ci. J'étais heureuse avec un amant de 10 ans plus jeune que moi, installé à demeure.

J'ai longtemps refusé de comprendre que, non seulement Rachid ne m'aimait pas, mais qu'en plus il me détestait parce que je représentais à ses yeux les habitants des autres quartiers de la ville. A travers moi, mon humiliation, Rachid voulait prendre une prétendue revanche sociale. J'étais amoureuse de lui et je ne m'étais même pas rendue compte qu'il me trompait sans vergogne avec une amie, Marie, que je lui avais présentée.

 

Dans un premier temps, Rachid a fait en sorte de ruiner ma réputation (et celle de mon mari) dans notre immeuble, auprès de nos amis, des collègues de travail de Philippe.

Rachid disait qu'il était mon mâle, que j'étais à lui et, à ce titre, m'offrait à tous ceux qui avaient envie de moi, dans les milieux aisés de la ville, comme dans les caves des cités ou au bureau de Philippe. J'avais honte, mais je laissais faire, car il suffisait que Rachid me touche pour que mes sens me poussent à la plus complète soumission.

 

Dès nos premières étreintes, Rachid m'a traitée comme une moins que rien. Il aimait m'humilier et me rabaisser. Petit à petit, notre liaison est devenue sado-maso. Il a commencé par me torturer. Il prenait beaucoup plus de plaisir lorsqu'il me faisait mal. Moralement, il est devenu de plus en plus dur. A chaque occasion, il m'humiliait aux yeux des autres et dans l’intimité, me traitait de tous les noms. Je baissais les yeux, rougissais mais ne protestais pas. Très vite, il a pris l’habitude de me ligoter pour profiter de moi à son aise.

Quand je lui ai demandé pourquoi il faisait ça, Rachid m'a répondu que j'aimais ça et donc pourquoi se serait-il privé ? J'incarnais tout ce que Rachid exécrait et, en me traitant comme je le « méritais et le voulais », il prenait sa revanche sur sa pseudo humiliation et celle des siens, sur une société qui, selon lui, l'enfermait dans un ghetto et le rejetait.

Rachid a fini par me battre devant Marie, qui l'encourageait Ces séances SM ne s'achevaient qu'avec ma perte de connaissance. J'avais le don de rendre furieux Rachid, je refusais de demander pardon ou grâce. C'est Marie qui disait à Rachid d'arrêter car je ne sais pas jusqu'où il serait allé. Ces monstres me réveillaient ensuite en me faisant jouir, l'un comme l'autre profitant de mon corps. Marie poussait le vice jusqu'à me soigner, pour se délecter des traces sur mon corps, les ecchymoses, un œil poché, la lèvre fendue. Quelquefois, Rachid y allait trop fort en me bastonnant, et ça finissait aux urgences.

Rachid me battait très souvent, chaque jour dans les derniers mois. Au début, il essayait d'éviter le visage et les traces visibles, mais il a fini par ne plus se contrôler, et me frappait à grands coups de poings jusqu'à ce que je sois couverte de bleus sur tout le corps, jusqu'à me faire saigner du nez ou de la lèvre ou que j'ai un œil au beurre noir. Il m'a même serré le cou. Plusieurs fois j'ai perdu connaissance. Il a m'a aussi offerte à des amants qui faisaient la même chose.

Une fois, Rachid a failli m'étrangler. Il venait de me battre sévèrement et m'a dit : « un jour je te tordrai le cou. » Je voulais en finir et je lui ais répondu : « vas y !

-      tu veux vraiment ?

-      oui, fais-le ! »

 

Il s'est mis à me serrer le cou en même temps il me baisait. J'avais perdu connaissance.

Philippe est intervenu pour lui faire lâcher prise. Rachid m'a envoyée plusieurs fois à l'hôpital, jamais je n'ai voulu porter plainte. J'ai interdit à Philippe d'aller à la police, malgré les rapports des médecins, à qui j'expliquais que c'était du SM, que c'est moi qui demandais, que je n'étais pas forcée du tout.

Un jour, il a du se fatiguer de me battre comme plâtre avec ses mains et ses poings. Il s'était muni d'un gros bâton noueux et m'a dit d'approcher. Ce fut atroce. Il m'a même cassé une dent, une cote et un bras, tellement il me battait.

Philippe a fini par aller à la police qui lui a répondu que c'était à Madame de déposer plainte. Convoquée, je leur ai expliqué que Rachid faisait ça à ma demande, que j'aimais ça, que c'était moi qui le poussait et qu'il était hors de question que je dépose plainte
J'étais tellement furieuse contre Philippe, j'ai voulu divorcer, le chasser. C'est Rachid qui a insisté pour qu’il reste. Mon humiliation et la sienne étaient ainsi plus grandes

Mon courage frisait l'inconscience. Jamais je ne me plaignais, ne demandais pitié, suppliait.  Au contraire, j'excitais mes bourreaux en les insultant. Le jour où Rachid m'a le plus rouée de coups de bâton c'est quand j'ai craché au visage de Marie. L'autre m'a giflée violemment et la bague qu'elle portait au doigt m'a blessée. Puis Rachid m'a corrigée à coups de poing et de bâtons jusqu’à la perte de connaissance. Son ami, Georges le concierge, s'y est mis aussi, en me traitant de salope pour me faire reconnaitre qu'il ne m'avait pas violée en 2005. J'étais dans un sale état, j'ai mis un moment à effacer les traces.

Le pire que j'ai subi, ce fut après une « infidélité » dans un hôtel avec le maitre d'hôtel. Comme je l'ai dit, Rachid m'offrait sans hésiter à d'autres hommes. Ce qu'il me reprochait ce jour là était un rapport non protégé avec cet homme.

Oui, je me rappelle de cette terrible soirée. J’avais été heureuse quelques jours loin de Rachid. Moi qui suis hypersexuelle, j'avais eu du plaisir, rien d'avilissant, rien de brutal, pas de coups. Philippe me poussait à ne plus revenir auprès de Rachid, je l'ai rabroué sèchement, lui disant que Rachid était mon homme, que j'étais à lui et donc que je voulais revenir auprès de Rachid, qu'il me manquait. En colère, Philippe m'a demandé si ses coups me manquaient aussi J'ai répondu que oui.

Pourtant j'avais peur. Je n'arrivais pas à prendre la décision de me séparer de Rachid. Je me suis précipitée vers lui. Il m'avait manqué. Il y avait Georges, Virginie, Marie, et ses copains de la cité. Ils se sont jetés sur Philippe pour l'attacher, qu'il regarde impuissant ma « punition. »

Rachid m'a violemment repoussée, me collant une baffe d'une violence inouïe. Il avait mis une chevalière, ce qui fait que j'ai immédiatement saigné du nez et de la bouche
- Arrière salope!  Je vais te filer la raclée de ta vie !
- Mais Rachid, je ne comprends pas. C’est toi qui m’a autorisée, qui me pousse à aller avec d'autres.
- Oui mais tu n'as pas respecté notre accord. je sais que le maitre d'hôtel t'a prise sans capote. Tu sais que ton utérus m'est réservé, sauf autorisation de ma part.
- Je n'ai pas pu m'en empêcher, pardonne moi, Rachid !
- Jamais, salope, tu veux me refiler une MST, le SIDA ? C'est que j'aurais pu attraper des saloperies avec toi, tu y pensais pas bien entendu alors que tu étais à moi, ma femelle et que je décidais de ton usage et de qui avait le privilège de se vider en toi, sale garce !
- Mais j'ai fait attention, je continue à prendre une pilule.
- Encore heureux !


J'ai eu une nouvelle gifle, le nez tordu (en le pinçant), les poignets serrés, le tee-shirt déchiré et ses mains autour de mon cou. Il a commencé à serrer. Il m'a attrapée par les cheveux et le poing levé, m'a frappée, plusieurs coups de poings au visage J'ai rassemblé toutes mes forces pour ne pas supplier, pleurer, crier. Au contraire, je lui ai craché au visage. J'ai bien cru ma dernière heure arriver.
« La salope, Georges passe moi le bâton, je vais la mater ! »

Il m'a bastonnée à me briser les os. J'ai fini par perdre connaissance mais ses complices, qui me couvraient d'insultes (pouffiasse, salope, pauvre tâche, pauvre merde) m'envoyaient de l'eau pour me réveiller J'encaissais sans broncher. Il a fini par se lasser et m'a livrée à eux, ils m'ont encore frappée et violée en même temps.

Je n'étais pas belle à voir après, couverte de bleus, le visage tuméfié par les coups de poing.

C'est leur complice le docteur L qui m'a soignée car s'ils m’avaient amenée à l'hôpital, ils seraient en prison. Les traces ont mis trois semaines à disparaitre, en particulier mes yeux tuméfiés. Cette ordure de L était doué pour effacer toute trace. Ils ont veillé à ce que personne de tiers ne se rende compte. J'étais de fait séquestrée dans la chambre. Idiote que j'étais, je l'ai cru quand il m'a demandé pardon, il a suffi de son étreinte (alors que mon corps était encore couvert de plaies et de bleus) pour que je cède et lui dise que c'est lui qui avait raison et que je l'avais bien mérité.

Rachid m'a avoué que me traiter ainsi l'excitait, alors que sans ça il n'avait plus beaucoup de désir pour moi.
Ce qui le rendait fou furieux, c'était mon attitude. Il voulait que je pleure, supplie. Rien de tout ça. Au contraire je le défiais. Il voulait me casser. Pour lui, celle qu'il appelait roumi, giaour (infidèle), kahba (putain) n'était qu'un objet en sa possession. Il faisait de moi tout ce qu'il voulait. Les marques sur mon visage, sur mon corps prouvaient sa propriété.

Je suis resté avec lui très longtemps. Je suis restée même après qu'il se soit officiellement installé avec Marie. Ces deux diaboliques m'ont livrée à une multitude d’hommes dans une série de soirées SM où j'ai subi tous les outrages.

C'est grâce à Philippe que j'ai fini par rompre et grâce à l'amour d'un homme exceptionnel, Hassan, avec qui nous vivons une relation candauliste saine.

Comment expliquer? J'ai été physiquement battue mais le cadre était différent des récits habituels. Par amour, j'avais accepté un engrenage SM qui a fini par m'entraîner très loin.

Comme pour mon viol en 2005, je me dis que c'était bien fait pour moi, que je l'avais cherché, que j'étais la principale, la seule coupable. C'est aussi pour ça que je le défiais, cherchant plus ou moins inconsciemment à mourir sous les coups. Je voulais me punir, me mortifier.


Aujourd'hui j'ai surtout honte de cette attitude. Je me reconstruis, entourée de mon mari et de mon nouvel amant, de mes deux maris, qui m'apportent enfin bonheur et plaisir.

 

*mari candauliste : mari, compagnon, qui éprouve un vif plaisir à regarder son épouse faire l’amour avec un autre homme. Il va l’encourager, la pousser dans cette voie que certains jugent amorale.

 

Par Olga - Publié dans : Témoignages
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Dimanche 30 août 7 30 /08 /Août 05:11

Sophie, je trouve votre blog formidable et j'ai envie de témoigner de ce que j'ai subi.

Je m’appelle Françoise, mon père buvait et frappait ma mère. A la fin, il la frappait toutes les semaines. Ma mère en a eu marre. Elle a rencontré quelqu'un d'autre et a quitté mon père. A partir de ce moment-là, j'ai été ballottée d'un coin à l'autre (chez mon père, chez ma mère). L'homme qui vivait avec ma mère était violent avec moi et mes frères et sœurs.

Adolescente, je n'ai pas fait des choses de mon âge. Ma mère préférait que je n'aille pas à l'école pour l'aider à nettoyer. Je ne pouvais pas sortir. C'est pour cela que je n'ai pas fait de hautes études.

J'ai rencontré mon mari à 16 ans 1/2. Mon mari a demandé ma main à ma mère, et ma mère m'a poussée dans ses bras comme elle l'a fait avec mes autres sœurs.

Au début, ce n'était pas l'amour fou, mais j'ai surtout été attirée par ses parents. Ils étaient très gentils avec moi, ils me donnaient l'affection que je n'ai pas eue de mes parents.

Je me suis fiancée à 17 ans. Je pensais que je vivais un conte de fées. Sa famille m'offrait plein de cadeaux et l'affection que je n'avais pas eue de ma famille.

J'ai arrêté d'aller à l'école et j'ai commencé à travailler. Il voulait déjà à ce moment-là m'empêcher de travailler, car on allait bientôt se marier.

 

Puis j'ai reçu mon préavis. Dès les fiançailles, c'est lui et sa famille qui m'achetaient mes vêtements à leur goût. Je n'ai pas pris attention car ce qu'ils m'achetaient me plaisait et ma mère ne nous achetait jamais de vêtements. On a eu quelques petites querelles mais rien qui m'ait alarmée.

Je me suis mariée à 18 ans. J'ai eu ma première claque deux mois après le mariage car j'ai voulu aller passer un entretien d'embauche et il ne voulait pas. Pour lui, une femme devait rester à la maison. J'ai quand même passé l'examen mais je l'ai raté.

Puis, quand j'ai été enceinte, il a commencé à devenir vulgaire. Quand je devais aller chez le gynécologue, il disait : "Tu vas encore écarter les jambes..."

Quand j'ai été enceinte de 7 mois, il m'a poussée dans les escaliers. Après l'hôpital, je suis retournée chez ma mère, mais mon mari et ma belle-famille m'ont convaincue de réessayer pour le bébé.

 

Ma mère aussi me faisait comprendre que je ne pourrais pas rester chez elle. Je suis donc retournée. Jusqu'à la naissance, ça a été, il a été correct.

Après l'accouchement, j'ai fait une dépression car je voyais que mes beaux-parents prenaient emprise sur mon fils et cela a continué. Après quelques mois, je me suis doutée qu'il avait une maîtresse et je lui ai demandé. Il a alors vu que je me "réveillais" et les disputes ont commencé : "Pute comme ta mère".

Puis il s'est installé comme médium. Il recevait des gens même la nuit. Je n'avais que le droit de me taire et de faire du café en pleine nuit. Ma maison était toujours remplie, mais je n'avais rien à dire. Je devais me taire, ne pas répondre sinon il s'énervait.

 

Ma belle-famille me disait de ne pas répondre car il était malade des nerfs. C'est toujours ce qu'on me disait. Tous les mois, on avait une querelle, il me traitait de tous les noms ("sale bâtarde", "pute", "tu ne sais rien faire", ...)

Quand Mathieu a eu 11 mois, j'ai recommencé à travailler. Au début, il a bien voulu puis il a voulu que j'arrête. Puis j'ai de nouveau été enceinte et il a voulu que j'avorte, et moi pas. Et là, a commencé le calvaire. Après les grossièretés et les disputes sont venus les coups parce que je lui ai tenu tête. Puis j'ai vu des indices qui prouvaient qu'il avait une maîtresse. Et cela ne lui plaisait pas.

A 6 mois de grossesse, j'ai dû arrêter de travailler parce qu'il y avait des complications. Sa violence a augmenté. Ses parents se mettaient toujours entre nous. Une fois, il a même frappé son père. Mais il y avait encore des accalmies. Ca allait pendant deux ou trois mois puis il remettait cela. Je n'avais rien à dire. J'en avais marre d'aller manger tous les jours chez sa mère. Je voulais avoir mon intimité mais il disait qu'on ferait comme lui, il dirait. Puis il a voulu une petite fille mais je ne voulais pas un troisième enfant avec une vie pareille. Mais il m'a dit que cela irait mieux et je me suis laissée convaincre. Mais il m'humiliait de plus en plus, il me faisait mettre à genoux devant les gens. Sa violence augmentait.

Quand les enfants ont commencé à grandir, la violence devenait de plus en plus régulière et plus forte et devant les enfants. Le dernier mois, il ne se calmait plus. Plusieurs jours d'affilée, il m'empêchait de dormir... J'avais peur, je ne dormais plus, je ne mangeais plus correctement. Les enfants aussi avaient peur. Il m'obligeait à rester nue devant les enfants et les coups qu'il me donnait étaient apparents.

Je pensais déjà partir depuis un moment mais ce qui m'a poussée à partir, c'est qu'il ait frappé à coups de ceinture les enfants parce qu'ils ne trouvaient pas la télécommande, qu'il ait fait mettre les garçons à quatre pattes et demander à la gamine de les frapper. Et aussi le fait que des voisins ont prévenu la police, car ils ont entendu tout ce bordel. Il a été en fureur, et un de ses amis m'a dit de partir car sinon il me tuerait.

La gendarmerie m'a conduite au Collectif pour Femmes Battues.

Ce jour-là, si je n'étais pas partie, soit c'était lui qui me tuait soit c'était moi tellement j'avais des idées noires dans la tête. J'avais vraiment de la haine pour lui les derniers temps, je n'avais plus envie de lui parler. Il y avait comme une planche en bois entre nous.

Quand j'étais dans la voiture des gendarmes pour venir au refuge, mes enfants et moi avons ressenti du soulagement, un sentiment de sécurité. J'ai été très bien accueillie au refuge. Au début, j'ai déprimé car j'ai réalisé que c'était moi qui devais quitter ma maison et que je privais mes enfants de confort.

Puis avec le temps, l'accueil des femmes, ça s'est passé. Les femmes me proposaient de m'accompagner dans mes démarches. On était un bon groupe et petit à petit, j'ai surmonté ma peur. Je revivais. D'ailleurs, je serais bien restée au refuge, je me sentais chez moi. J'ai repris confiance en moi, j'ai extériorisé ma personnalité. J'avais envie de couper mes cheveux, je les coupais. J'avais envie de sortir, je sortais.

Mes enfants ont beaucoup été aidés aussi. On les a aidés à s'extérioriser, à parler de leurs émotions et on les a aussi aidés au point de vue scolaire.

Normalement, on parlait d'enseignement spécial pour un de mes fils. Mais grâce aux éducatrices, mes enfants s'en sont sortis. Ils ont bien été pris en mains et même maintenant si j'ai un problème avec eux, je sais que je peux compter sur elles.

 

Au fil des mois, je suis restée au refuge, je me sentais vraiment bien, je me retrouvais moi-même. Puis j'ai commencé à chercher un logement. J'ai trouvé une maison. Elle m'a plu directement. Maintenant, je vis seule avec mes trois enfants. On est bien, on n'entend plus crier à nos oreilles, on n'a plus peur dès qu'on se lève, on est à l'aise. On a un mode de vie normale. Je suis toujours en contact avec des femmes qui étaient hébergées en même temps que moi. Je passe souvent au refuge et j'en suis très contente.

 

Je ne me suis jamais sentie aussi bien que maintenant, c'est une vraie renaissance pour moi et mes enfants. Et, bien qu'il continue à me harceler, nous gardons le dessus. C'est la première fois que je pars et j'irai jusqu'au bout. Quand je l'ai en face de moi, j'ose lui répondre car on m'a beaucoup aidée à m'affranchir de ma peur au ventre.

Par Françoise - Publié dans : Témoignages
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