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  • : Ce blog est un espace de liberté, où les femmes hypersexuelles pourront parler comme elles le veulent, se confier, et nous faire comprendre comment elles en arrivent à être ce qu'elle sont.
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Analyses

Mardi 23 novembre 2 23 /11 /Nov 19:33

Toutes en jupe le 25 novembre !

Ce jeudi, pour la journée internationale contre les violences faites aux femmes, le mouvement Ni putes Ni soumises invite toutes les Françaises à porter… une jupe. Un geste en apparence anodin pour nous montrer solidaires de toutes les femmes victimes de violences, en France et dans le monde. Violences au premier rang desquelles figure toujours l’impossibilité, pour nombre d’entre elles, de disposer de leur corps comme elles le souhaitent.

Elyane Vignau

 

 

La journée de la jupe
 

La mobilisation fait ouvertement référence au film de Jean-Paul Lilienfeld La Journée de la jupe qui a fait polémique à sa sortie en 2009. Isabelle Adjani, l’actrice principale, en est marraine d’honneur.

Le 25 novembre au soir, une vente aux enchères exceptionnelle permettra de récolter des fonds pour financer l’association Aurore qui vient en aide aux victimes de violences. En vente : des jupes de célébrités comme Sophie Marceau ou Charlotte Gainsbourg. http://www.aurore.asso.fr/

Nos mères ont lutté pour pouvoir porter des pantalons. Elles ont brûlé leur soutien-gorge pour défendre les droits des femmes… Ce jeudi 25, nous voilà invitées à notre tour à faire acte de résistance. Comment ? En portant une jupe, ce qui peut paraître bien ironique au regard des grands combats féministes. A tort car le cœur du problème, lui, reste bien le même : le droit des femmes à rester maîtresse de leur propre corps. Et à en disposer comme bon leur semble.

En jeu ce jeudi : leurs jambes, ce symbole de féminité par excellence. Nombre de femmes préfèrent désormais les camoufler sous des pantalons larges, notamment les jeunes filles et les femmes des « quartiers » qui semblent bien être les premières victimes de cette régression. Mais on le remarque aussi dans le monde de l’entreprise où certaines femmes cadres, elles aussi, en viennent peu à peu à délaisser leurs jupes. Pourquoi ? Parce qu’elles craignent, toutes autant qu’elles sont, les regards et les réactions de leurs homologues masculins. Combien ont peur, aujourd’hui, en portant une simple jupe, d’être perçues comme des séductrices, au mieux, ou « comme des provocatrices, voire comme des putes » selon les mots de Sihem Habchi, présidente du mouvement Ni putes ni soumises ?

Machisme latent, mysogynie persistante, montée d’une certain puritanisme en France… Quelle que soit la cause de cette évolution, il semble aujourd’hui urgent de continuer à défendre les droits des femmes et de lutter contre les violences qui leur sont faites. Alors ensemble, mobilisons-nous pour cette Journée de la jupe !

 
Quelques faits en bref...
 

 

Octobre 2009 : Une « jupe indécente » vaut 50 coups de fouet à une femme au Soudan
Octobre 2010 : La ville de Castellammare di Stabia près de Naples interdit les mini-jupes pour « lutter contre l’indécence vestimentaire » et pour « restaurer le décor urbain »
Octobre 2010 : A Avignon, une jeune fille de 15 ans est agressée en pleine rue et rouée de coups. Son tort : elle portait une jupe.

 

 

Dès maintenant, faites-nous part de vos réactions et de vos expériences : En tant que femme, vous êtes-vous déjà sentie mal à l’aise en jupe ? Avez-vous souffert de remarques ou de gestes blessants ? Vous êtes-vous déjà abstenue de mettre une jupe par crainte des réactions que cela peut susciter ? Porterez-vous une jupe ce jeudi ?

 

Hommes ou femmes, que pensez-vous d’une femme en jupe ? Et de cette mobilisation ? La jupe est-elle un bon symbole pour défendre la cause féministe ?

 

 

Envoyez-nous vos avis et éventuellement des photos de vous dans votre tenue spéciale « journée de la jupe ». Nous publierons vos retours sur Psychologies.com

 

 

Source : http://www.psychologies.com

Par Sophie Et Psychologies Magazine - Publié dans : Analyses - Communauté : Réalités
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Mercredi 17 novembre 3 17 /11 /Nov 01:00

 

A tous ceux qui jugent utile de justifier le viol « parce qu’elle l’a bien cherché », car une femme a le malheur de s’habiller court et sexy, cette idée est totalement nulle.

Ca voudrait donc dire que n'importe qui peut la violer, sous prétexte qu’elle est provocante.  C’est du grand n'importe quoi.

 

Comme dit dans un autre article, une femme n'a pas le droit de s'habiller comme elle veut aujourd'hui. SI elle le fait, on dira que si elle a eu des ennuis, "elle l'avait bien cherché" !!!

 

Je ne supporte plus ce genre de commentaires !


 

Aussi, je vais faire une comparaison osée avec des objets.


Est-ce parce qu'il y a de très beaux bijoux dans les vitrines de la place Vendôme, ou de splendides tenues dans les vitrines des grands couturiers Paris, ou encore de superbes voitures de sport, style F** ou A*M*, que ca autorise tout un chacun à briser la vitrine et à se servir ??? Non, bien sur !


Et pourtant, ces objets sont offerts à la convoitise visuelle de tous. Certains bavent des semaines, des mois devant un objet dans un magasin, sans pouvoir le toucher ou se le payer. Accuse-t-on l'objet de l'allumer, de le provoquer ???


Et tout le monde trouve normal de ne pas se servir comme il veut. Tous trouveront tout aussi normal de condamner le voleur qui s'attaquerait à ces biens.

Dans un procès, il ne viendrait jamais à l’idée du voleur de dire : « M’sieur le Juge, j’ai volé, parce que le commerçant m’a provoqué en mettant de beaux téléphones avec tous leurs accessoires en vitrine !!! »

Le juge hurlerait de rire.

 

Mais dans le cas d’un viol, il est parfaitement admis que le pauvre homme accusé « a été provoqué » par la vilaine tentatrice !!!

 

Et personne ne moufte. C’est plus qu’anormal.

S’il est admis que l’on peut offrir à la convoitise de tous des objets de grande valeur, sans que ca n’autorise personne à le voler, en quoi est-ce différent pour une femme ???

 

Si elle a envie de se montrer un peu, est-ce une autorisation pour tous les salauds de la terre de la prendre comme ils veulent, et de la violer sur place, avec la parfaite bonne conscience « qu’elle l’a bien cherché, cette salope, vu sa tenue » ???

 

J’attends vos commentaires, surtout vous, messieurs, avec impatience !

Par Sophie - Publié dans : Analyses - Communauté : Réalités
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Samedi 13 novembre 6 13 /11 /Nov 05:09

L'analyse d'Anne m'amène à vous envoyer mes réflexions sur la femme face au regard des autres.


Toute femme marchant dans la rue rencontre le regard des autres. Que se passe-t-il lors de certains de ces échanges ? De fait, nombreux sont les regards qui transforment le corps féminin en corps de prostituée, mettant à l’épreuve la pudeur des femmes. Ce texte est une réflexion approfondie sur la pudeur, sur le rapport de soi au corps et à l’intime dans l’espace public.


Face aux discours portant plus ou moins explicitement sur la sexualité, l’opinion commune pose une double correspondance : la parole libérée et joyeuse serait détenue par les hommes et les femmes machistes, tandis que les femmes féministes seraient coincées dans une pudibonderie moralisatrice et castratrice.


Il s’agira ici d’examiner le discours tenu par l’opinion commune que je reprendrai sous le « on » heideggerrien, « on » signifiant la personne telle qu’elle est figée dans la banalité et le bavardage. En effet, pour en sortir , il faut aller au bout de ce que veulent dire et impliquent les termes de « pudeur », « pudibonderie », « impudeur » et « obscénité », ces termes si rapidement chargés du poids de l’austère moralisation qu’ils en demeurent mal connus et rejetés.


Nous travaillerons sur ces termes à un double niveau, mêlant nécessairement théorie et pratique : il faut comprendre le réel car ce dernier est rationnel. Nous serons exigeant-e-s dans l’observation de l’insulte, ce que d’ordinaire on disqualifierait comme étant simplement ordurier et insensé. L’ordure et le bavardage du « on » sont effectivement discours pleins de sens


Comprendre ce qui est vécu au quotidien et non-dit, le sortir de la banalité qui le mortifie, c’est le prendre avec soi grâce à l’attention, laquelle devient travail par le dévoilement et la déconstruction des discours qui aboutira au déplacement dynamique des termes présentés. La problématique de cette étude se centre autour de la violence vécue au quotidien par les femmes, non pas la violence physique, évidente (quoi que celle-ci ne soit pas complètement reconnue), mais celle qui est presque imperceptible, indicible, irrecevable : comment cette violence-là se réalise-t-elle ? Par la fragilisation de la pudeur.


L’étude de ce champ nécessite l’emploi du « je », un « je » qui comprend la perception propre de l’auteure et ce qu’elle croit avoir perçu de commun dans l’expérience de nombreuses femmes. Il y a bien une correspondance entre le « je » , le « nous » et le « elles » : la scission entre le sujet et l’objet n’a pas lieu d’être, ici moins qu’ailleurs.
« la pudeur n’est pas une affaire de règle, pas même une affaire éthique. Et pourtant, n’atteint-on pas un être au plus profond de son intimité quand on attente à sa pudeur. »

Quand je marche dans la rue, je remarque souvent la même chose : les femmes avancent d’une manière plutôt refermée, les hommes de façon ouverte et assez tendue. Les gestes et les démarches des femmes sont bien distincts de ceux des hommes. Ceci ne serait qu’une simple histoire de différence de morphologie, une différence de corps ? Probablement. Pourtant le regard lui-même diffère selon le sexe de la personne. Je les observe. La plupart des hommes que je croise n’ont de cesse de m’observer franchement, parfois longuement, alors que les femmes hésitent souvent, détournent voire baissent les yeux. Et quand elles me regardent, toujours une distance se pose et me repose.


J’aime marcher dehors. J’aime regarder le ciel, les arbres, les bâtiments. Je regarde les êtres humains. Soudain le regard de certains hommes me transperce : brutal ou mielleux, il déborde de ce qui s’apparente au désir, et m’éclabousse. Il s’accroche à moi et ne me lâche pas. Parfois les mots, toujours les mêmes, fusent : t’es belle, t’es bonne, vous êtes charmante mademoiselle, tu suces, je te baise. Souvent l’homme ne prononce aucun mot sensé, il gémit, grogne ou siffle, il chuchote quelque chose d’incompréhensible quand il passe tout près de moi, frôlant mon corps.


A plusieurs, ils éclatent, ils crient et me jettent au visage leur envie. Dans leurs bouches, par leurs yeux, le désir masculin est devenu insulte, et m’est agression. Cette agression à la régularité quasi quotidienne est rendue peu audible par le silence qui l’entoure : elle est tue par celles qui la subissent.


Je marche, avançant dans la ville, et ils me montrent qu’ils ont le droit de m’insulter. Ils ont le droit de m’insulter parce que, femme dans l’espace public, cela signifie que je suis sortie du foyer, or seul cet endroit est reconnu comme espace privé pour les femmes ; je suis donc littéralement femme publique, telle une prostituée.


La prostituée est une femme mise en public (du latin : prostituere) avant même d’être un corps que les hommes peuvent louer. Alors, moi qui suis en public, serai-je aussi une prostituée, une femme qui, puisqu’elle se montre, se déshonore ? Le but de cette étude n’est pas de rejeter les prostituées, mais d’envisager les implications réelles de l’expression « femme publique ».


C’est durant la nuit que la réalité devient indéniable. Une femme marchant seule sur le trottoir sera observée par tous les conducteurs qui parfois ralentissent afin de mieux jauger son corps. La nuit, les silhouettes de toutes les femmes se confondent avec celles des prostituées. Ayant le même corps que celui d’une prostituée puisque femme, une femme est comme une prostituée, donc chaque femme est une prostituée.


Il semble que les hommes soient nombreux à cracher leur désir : ils aiment les mots « pute » et « salope », ils s’en gargarisent avant de les cracher aux figures féminines en public, des femmes politiques aux femmes marchant dans les rues. Les deux insultes machistes m’envoient une image singulière de mon corps et de ma présence dans le monde. On s’intéressera surtout à la première car la seconde se résorbe en elle. L’image qui m’est envoyée quand l’insulte m’est adressée est l’image du corps d’une pute c’est-à-dire un corps louable et abîmable à l’envi. Ainsi, j’ai le corps d’une femme que les hommes considèrent comme disponible en permanence.


Son corps me renvoie à mon corps de femme. Cette image me heurte parce qu’elle montre, elle rend visible, regardable, évidente, une image de mon corps nu : corps qui est à moi, corps qui est moi en ce qu’il me représente dans une situation de communication avec autrui. Les hommes m’agressent par le fait qu’ils me montrent que, s’ils en ont envie, ils peuvent voir mon corps, nu. Telle est la violence, capitale, exercée sur ma pudeur : ils me mettent à nu en me montrant que symboliquement, ils le voient déjà nu. Cette mise à nu ne nécessite pas le passage à la parole : certains regards sont tout aussi violents que l’injure verbale.

 

L’insulte sexiste me dévoile telle que je ne suis pas. Elle viole le droit des femmes à la dignité de leur corps. L’insulte sexiste jette en pâture, à la vue de tout le monde, une image de mon corps. C’est en cela que ma pudeur est atteinte. L’homme qui drague, interpelle, suit une femme dans l’espace public, le fait en espérant jouir le plus rapidement possible de son corps comme il pourrait jouir de celui d’une prostituée. Dès lors mon rapport aux hommes machistes se fonde sur leur attaque de ma pudeur, la situation de communication étant centrée sur mon corps de femme. Par leur attaques, regards et adresses humiliantes, j’ai honte... d’être une femme, en ce que j’ai honte d’avoir un corps de femme. Le corps est prépondérant, en tant qu’il est féminin : c’est bien parce qu’il est féminin que mon corps révèle, et non pose, un problème relatif à la pudeur. Autrement dit le féminin n’est pas obscène en soi, il est rendu obscène.


Comme les hommes possèdent de fait l’espace public, des lieux officiellement politiques aux bars, certains estiment qu’ils sont en droit de posséder les femmes qui se situent en public. Ils les chassent à l’intérieur de cet espace, comme du gibier, quand l’envie les prend d’en posséder une, ou encore ils les dirigent hors de l’espace quand l’une d’elles se rebelle.

 

Cependant, la première modalité est subordonnée à la deuxième : le but est d’interdire aux femmes la présence prolongée dans l’espace public et d’en contrôler l’accès, accès dont seuls les hommes profitent pleinement.

Le véhicule et l’arme de cette chasse à double niveau est l’insulte, moyen terme entre l’interpellation mielleuse et l’agression physique ou sexuelle. Cela fonctionne très bien. C’est qu’on ne leur a pas appris à répliquer à ces hommes-là. Et puis, que leur dire : fils de pute, enculé ?

 

Les moyens leur manquent, car toutes les insultes étant machistes, elles visent uniquement les femmes. Elles se sauvent pour sauver leur pudeur. Lorsque sa pudeur est attaquée, le réflexe instinctif de l’humain-e est de la restaurer pour se maintenir, sinon c’est tout l’être qui s’effondre. La gravité de l’attentat provient de l’aspect régulier et systématique de l’agression verbale ou visuelle.

Régulièrement jaugées, draguées, interpellées, elles font comme si elles n’avaient rien entendu, elles ressentent ou simulent l’indifférence, elles sourient, elles fuient à reculons. Elles se taisent et font comme si rien ne s’était passé, mais l’attentat à la pudeur a bien eu lieu, et il se répétera, s’accomplissant par l’abolition de la parole de celle qui le subit.

 

A force de voir des filles décharnées, certaines adolescentes veulent arrêter de manger et de vivre, pour que leurs corps ressemblent à ceux des mannequins.

A force de voir des corps féminins enviables en tant qu’ils sont objets-femmes, beaux, longs et fins, les hommes voudraient avoir les mêmes, et les femmes voudraient, plus ou moins confusément, être les mêmes.

 

Les publicitaires savent manier l’art de l’illusion et de la flatterie, ils nous tendent des images qui ont l’air de miroirs enchanteurs mais qui sont les pièces d’un puzzle, celui-ci étant position permanente mais homogène de valeurs. La publicité commerciale, la télévision, font partie du système médiatique qui est vecteur d’évaluation. Il nous faut relier cela au fait que le genre féminin et le genre masculin sont les dépositaires fondamentaux de valeurs. Par la publicité commerciale, les valeurs s’incarnent en rôles sexués : la femme représente soit la maternité soit un aspect de la sexualité.

 

C’est la seconde alternative qui est devenue prééminente dans le discours publicitaire, la première, plus rare, restant la seule alternative ; on ne voit quasiment pas d’image d’une femme qui, à défaut d’être réaliste, serait positive pour les femmes : une femme forte, « active ». Or, l’enjeu du discours publicitaire est énorme, car on sait son influence effective sur les personnes. Les enquêtes réalisées dans cette perspective sont éloquentes : les images télévisuelles, et notamment publicitaires, influencent les hommes et les femmes dans leur vision du, et leur attitude avec le sexe opposé.

 

Les média ont une influence prépondérante dans le processus de différenciation des sexes, et véhiculent la scission sujet-objet qui fragilise constamment les femmes.

D’une part, la femme incarne la différence des sexes, et ceci nous renvoie au début du dix-neuvième siècle : les médecins philosophes (Roussel, Virey, Cabanis entre autres) n’envisagent pas l’homme comme un être sexué, l’homme est envisagé comme l’homme générique c’est-à-dire que l’homme représente le genre humain. Ils élaborent l’opposition entre l’homme et le genre humain d’une part et la femme d’autre part. L’homme n’est pas sexué, mais la femme est ce qui est sexué. Elle est la représentation de la différence des sexes, elle est le sexe.

D’autre part, la femme doit être belle : à l’esprit de l’homme, correspond la beauté de la femme : il a accès à la perfectibilité (de son esprit), elle n’a droit qu’au perfectionnement de son corps, lequel se réalise par le soin esthétique, afin d’être belle.


La conséquence de cela est que la beauté est sexuée, puisqu’elle est féminine, et même elle doit rester féminine : seules les femmes doivent être belles, et prendre tout particulièrement soin de leur apparence.

De là, et c’est ici que réside le glissement de la beauté à la sexualité, la beauté est sexualisée : être belle c’est être attrayante.

 

Par le machisme, la beauté est fixée, figée dans son double aspect sexué et sexualisé, elle perd sa gratuité et sa grâce. Le sexe est, comme en toute logique, le lieu de la sexualité. Une femme a le devoir d’être belle, sinon elle n’est pas femme, elle n’est pas féminine, et par là elle doit accepter d’être considérée sexuellement par les hommes machistes qui déduisent du soin qu’elle porte à son apparence une volonté d’être objet de leur envie sexuelle. A l’extrême, ils déduiront du fait qu’une femme porte une jupe, une robe, un pantalon moulant, le fantasme d’être agressée, voire violée.

Si une femme est belle, si elle est coquette, ce serait uniquement pour exciter la libido des hommes, c'est ce que dit Georges sur ce blog, pour dire que le viol d'Olga n'a pas eu lieu. On comprend mieux maintenant la nécessité pour une femme de se masculiniser pour se donner des chances d’être moins agressée.

Les hommes ne reçoivent aucune contrainte à être beaux, à se faire beaux c’est-à-dire à travailler, perfectionner leur physique, à diversifier leur habillement ni même à prendre soin de leur apparence. On retrouve cette opposition entre hommes et femmes dans la différence de traitement publicitaire des deux sexes. Cette différence tient au fait que les hommes n’ont pas à vivre le déchirement sujet-objet propre à la condition féminine.

Les hommes n’ont à s’affirmer que comme sujets, et cela se voit dans leur représentation par la publicité : beaucoup plus réalistes, et surtout beaucoup plus respectueuse de la pudeur humaine : jamais le corps masculin n’est étalé, morcelé, écartelé, comme l’est le corps féminin.

C’est même le contraire : il semble que montrer la nudité, le dénuement ou même l’aspect attrayant d’un corps masculin, soit insupportablement obscène.

Peut-on perdre sa pudeur ?
Quand j’étais adolescente, j’ai vu un documentaire sur l’holocauste des juifs par les nazis, dans lequel une scène m’a singulièrement marquée. Elle se passait à l’entrée d’un camp de concentration.

Des militaires ordonnaient aux femmes et aux hommes de se déshabiller, et de rester ainsi, complètement nus, groupés. Cette scène où je voyais les femmes et les hommes de tous âges entièrement nus, m’a marquée en ce qu’une étape décisive dans leur déshumanisation avait été franchie : la déshumanisation résidait dans leur mise à nu contrainte, devant tout le monde.

Leurs corps semblaient alors sans plus aucune défense contre le monde extérieur. Ces personnes avaient l’air extraordinairement fragilisées, leur nudité les faisait ressembler à de tristes animaux, autrement dit des non-humains, des sous-humains. Leur fragilité était insoutenable. En mettant leurs corps à nu, on a abîmé leurs âmes, parce qu’on a refusé leur pudeur. Comme si la distance entre leurs âmes et leurs corps n’existait plus. Complètement à nu, ils étaient à la merci des autres qui souriaient.


Je marche dans cette rue, deux jeunes hommes me fixent en souriant d’un air salace et méprisant, mon regard cherche à les éviter, il fuit vers autre chose, il se pose ailleurs, mais ici et là les images publiques de femmes me renvoient une image de ce que les deux hommes voient de moi…


Morcelée, je ne sais que faire. La première des choses qui s’impose à moi est le retour au foyer, le retour chez soi qui serait retour à soi, le chez soi devenant lieu de réintégration de soi et donc de sa pudeur. Si mon humanité, mon appartenance au genre humain, ne peut m’assurer le respect de ma pudeur parce que je suis femme, les murs de mon foyer devraient le pouvoir.

Si je ne peux me promener sereinement sans que ma pudeur soit attentée, alors je rentre chez moi. Les femmes rentrent au foyer, re-prenant la place que l’idéologie machiste leur destine.

 

Dehors il y a des hommes qui me font me méfier de tous les hommes, et cette méfiance m’épuise comme elle épuise les autres femmes.

Alors je reste chez moi. Et j’apprends à ne pas sortir sans adopter de mesures de protection qui sont autant de tentatives de protection de ma pudeur, déjà fragilisée par le simple fait de devoir la protéger.

Par Aurélie - Publié dans : Analyses - Communauté : Réalités
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Samedi 2 octobre 6 02 /10 /Oct 01:16

Pour Alfred Kinsey, un des sexologues les plus célèbres du XXe siècle, la nymphomane c’est «quelqu’un qui fait l’amour plus souvent que vous » . Rien à voir avec une désaxée frigide. Et pourtant, la mauvaise réputation des nymphomanes a la vie dure.


Le médecin Martin Winckler tient sur Arte Radio, une chronique de ses consultations, dont certaines traitent du désir. 

« L'autre jour au cabinet, une jeune femme est venue me voir, raconte-t-il, et elle m'a demandé : "J'aimerais savoir si je suis normale. C'est quelque chose d'intime, ça concerne ma vie intime. Je ne suis pas sûre que ça soit médical ce que je vais vous dire… Voilà, j'ai quatre amants. Mon premier amant, c'est mon mari, je vis avec lui, je l'aime et à priori on est parfaitement heureux. Mon deuxième amant, dont je suis follement amoureuse, est marié et nous vivons un amour platonique. On se passe des coups de fil passionnés, on s'écrit des courriers électroniques érotiques, quand on se voit on se touche, on se caresse, mais on ne fait pas l'amour. Mon troisième amant, c'est quelqu'un que je n'aime pas du tout mais régulièrement je passe le voir et je fais l'amour comme une folle avec lui. Avec lui, je ne sais pas ce qu'il se passe, mais j'ai envie de faire l'amour comme une folle avec lui. On s'envoie en l'air et au bout d'une heure et je repars. J'ai un quatrième amant…»

Sur Arte Radio, la femme continue à parler (avec la voix de Martin Winckler). Il ne répond pas à sa question première mais on sent bien que c'est inutile. Pourquoi cette femme a-t-elle besoin de "normalité" ? Pourquoi ne se contente-t-elle pas de vivre heureuse avec ses quatre amants ? 

Au cours de l’ère victorienne, des médecins répandent l’idée que chez une femme un fort appétit sexuel est un symptôme de maladie. Ils inventent alors le mot « nymphomane » pour désigner ce qui leur semble anormal et pathologique : l’expression du désir.

 

Pour certains, une femme est nymphomane dès qu’elle trépide sur sa machine à coudre. Que dire de celles qui éprouvent des besoins irrésistibles ? Diagnostiquées «folles furieuses sexuelles», elles sont soumises à des traitements qui peuvent aller jusqu’à l’excision. Au cours des trente dernières années du XIXe siècle, les chirurgiens pratiquent l’ablation des ovaires et mutilent des milliers de femmes, parce qu’elles ont des pulsions sexuelles.


Maintenant, la nymphomanie relève de la blague grivoise. On l’utilise pour rire, parfois même comme un compliment, pour désigner une «femme qui aime ça». Et pourtant, ce mot garde un sens péjoratif : il reste attaché de façon négative à l’idée d’une «sexualité excessive», sans que personne ne sache vraiment en quoi consiste l’excès. A partir de quand fait-on trop l’amour ? Existe-t-il des normes ? Apparemment non. Les scientifiques sont incapables de fixer une limite biologique à ne pas franchir. Signe des temps : le mot nymphomanie - totalement éculé – a disparu des manuels de psychiatrie. On ne le retrouve plus que dans les sex-shops, au rayon films pornos : Sandwiches pour nymphomanes, Soif de mâle, Nasty nymphos


Dans le catalogue de vidéo X Cargo, une publicité pour la télématique rose « Sexuellement vôtre » promet : « Mise en relation immédiate avec une nympho. Satisfaction garantie ! »

« Aujourd’hui, la société vante sans vergogne la notion d’excès et se sert du sexe pour vendre tous les produits et services imaginables, explique l’historienne Carol Groneman. La crainte, toujours aussi palpable, d’une libido incontrôlable n’a toutefois pas disparu pour autant. »

 

Pour Carol Groneman, le mot "nymphomane" - qui aurait dû disparaitre depuis longtemps – est resté dans notre vocabulaire parce que nous avons peur d'une sexualité qui nous dépasse, celle des femmes en particulier. Traiter une femme de nymphomane ne cacherait donc, souvent, qu’une angoisse typiquement masculine : celle de ne pas «assurer» au lit.

A l’aube du XXIe siècle, la nymphomanie n’est plus reconnue médicalement et pourtant, aux Etats-Unis, on considère que le sexe – comme l’alcool ou d'autres drogues – peut générer une accoutumance. Toujours stigmatisées, des milliers d’Américaines se croient obligées d’aller chez les SAA (Sex-Addict Anonymes) pour suivre des thérapies de groupe. Pourquoi ? Parce qu’elles culpabilisent. Les hommes aussi d'ailleurs. En septembre dernier, David Duchovny (X-Files, Californication) annonce qu’il cherche à se défaire de son addiction au sexe sur internet. Il avoue sa tendance à passer d'interminables heures sur des sites pornographiques.

Il existe aux USA plus de deux mille groupes de parole pour les «accros du sexe». Ce sont souvent des groupes religieux (ou imprégnés d'une morale puritaine), qui remplacent la notion un peu ringarde de «péché» par celle - soi-disant plus scientifique - d’«intoxication». Mais il suffit d’aller sur le site internet de l’association contre les problèmes de dépendance sexuelle pour comprendre l’absurdité de leur discours : pour eux, sont «sexomaniaques» toutes les personnes ayant «le sentiment de trop penser au sexe». Cette pathologie purement subjective n'a donc d'autre source que le sentiment de culpabilité.

Que signifie «trop penser au sexe» ? A en croire la Gazette des thérapeutes, nous pensons au sexe 750 fois par semaine. Rien de plus naturel que cette baladeuse pensée… Ce qui n’est pas naturel, en revanche, c’est d'en faire une maladie.

 

DOCTEUR YVES FERROUL : PARAPENTE ET SEXE, MÊME COMBAT
Chargé de cours d’Histoire de la Sexologie à Lille, le docteur Yves Ferroul publie des livres libérateurs sur
La sexualité féminine et le rapport ambigu entre Médecins et Sexualité. Pour lui, les soi-disant nymphomanes sont des femmes juste en manque. Rien de grave. La solution est toute trouvée.

Quand une femme vient vous voir en s'inquiétant de trop penser au sexe, comment réagissez-vous ?
Elles consultent parce qu'elles ont des pensées envahissantes de séduction, de s'adresser au premier venu, de faire l'amour n'importe où, tout de suite, avec n'importe qui… Elles demandent s'il n'existe pas pour les femmes un produit comme le bromure pour les hommes…
En fait, ce sont des femmes frustrées par un compagnon dont les désirs et les rythmes sont inférieurs aux leurs, sans que les leurs soient exagérés.

Le terme nymphomanie a longtemps désigné  des femmes en bonne santé mais… sensuelles. Ce mot a-t-il encore un sens ?
Le terme semble avoir disparu du DSM-IV, référence diagnostique et thérapeutique des psy du monde entier. Mais en France on utilise encore le mot «nymphomanie» pour désigner des symptômes de maladies graves : une tumeur cérébrale, un problème endocrinien, une intoxication alcoolique, une prise excessive de médicament ou un accès de trouble psy. Quand une femme a – du jour au lendemain – des accès de désir proches de la frénésie, c’est peut-être qu’elle a un cancer ou quelque chose de grave...

Que pensez-vous de cette citation de l'historienne Carol Groneman : «la nymphomanie est une métaphore, une expression des fantasmes, des peurs et des angoisses associés à la sexualité féminine à travers les âges» ?
C’est vrai, pour la quasi totalité des usages du mot.
Mais il existe bien un excès sexuel pathologique (voir ma réponse précédente).

L'hypersexualité est-elle un signe de mauvaise santé ?
La sexualité importante fondée sur un choix de vie et vécue dans l'équilibre psychologique n'est pas un signe de maladie.

Faut-il guérir les femmes de la nymphomanie ?
Si nymphomanie = désir sexuel important : NON.
Si nymphomanie = compulsion, ou maladie, ou trouble psy : OUI.

Comment distinguer le « désir sexuel important » de la pathologie ?
Je cite : " Certaines exacerbations soudaines des besoins sexuels peuvent être dues à une  étiologie organique (tumeurs frontales, temporales, hypothalamiques ou épiphysaires, démences, crises d'épilepsies temporale, intoxication alcoolique aiguë). Leur origine peut aussi être iatrogène ou psychiatrique (excitation maniaque, schizophrénie, certains états dépressifs). Guelfi, "Psychiatrie ", PUF.
Donc, c'est le changement rapide qui doit faire penser à une maladie.

Les nymphomanes sont-elles frigides et insatisfaites ?
Beaucoup de femmes à sexualité importante jouissent et sont bien dans leur peau. Celui qui passe tous ses week-ends à faire du parapente n'est pas insensible aux émotions, mais cherche à renouveler des émotions particulièrement appréciées. Pourquoi en serait-il autrement pour celle qui passe beaucoup de temps à la sexualité ?

Combien en recevez-vous dans votre cabinet ?
Les femmes venant consulter parce qu’elles sont "plus demandeuses que leur(s) partenaire(s)" sont nombreuses. En moyenne : une patiente sur deux !


Pour conclure :
« L’abus de bonnes choses est merveilleux.» (Mae West)

Par Arte - Publié dans : Analyses
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Mercredi 7 avril 3 07 /04 /Avr 15:37

L’hypersexualité des jeunes émeut et fait débat

Par Anna Lietti

 

Entre enfance et adolescence, sexualité et pornographie, consentement et contrainte, exploration d’une zone grise.

 

 

Existent-ils encore, les amoureux de Brassens, ceux qui se bécotent sur les bancs publics ? Sûr que oui. Mais les passants ne leur jettent plus que des regards attendris. Non loin d’eux dans le parc, un autre type de couple a pris le relais en tant qu’objet de scandale : il ne s’agit plus d’amoureux mais de «fuck friends». Ils sont parfois si jeunes qu’on ne sait plus s’il faut parler d’enfants ou d’adolescents. Et leur activité buccale s’est nettement déplacée : dans la panoplie de leurs jeux sexuels, la « pipe » (fellation) s’est quasiment substituée à la « pelle » (« french kiss »).

L’hypersexualisation des jeunes émeut et fait débat. Au Québec, elle fait l’objet d’un programme de prévention gouvernemental, tandis que des voix s’élèvent pour affirmer que le phénomène est exagéré (lire ci-dessous). Le fait est que, comme on parle de pratiques sexuelles consentantes, il échappe en grande partie à la statistique et alimente plus d’une légende urbaine.

L’écolière qui distribue des « pipes » dans les toilettes de l’école est-elle réelle ou fantasmée ? Il semble qu’elle existe bel et bien, y compris en Suisse romande. « Nous avons eu un ou deux cas dont nous avons pu nous occuper, dit Geneviève Joliat, responsable des médiateurs scolaires lausannois. Mais nous avons des raisons de penser que le phénomène est plus fréquent, vu l’ampleur qu’ont pris les rites de passage dans les groupes. Bien des choses nous échappent. »

Michel Lachat, président de la Chambre pénale des mineurs de Fribourg, partage cette impression : « A l’école secondaire, ces pratiques existent, c’est sûr. A l’école primaire, c’est plus exceptionnel. Mais je vous rappelle que l’école secondaire commence à 12-13 ans. Les enfants reproduisent des images qui se sont répandues via Internet et les portables. Et ils ne se cachent plus. On m’a rapporté des scènes de fellation vues sur des pistes de ski ou au jardin du Cabalet à Bulle ! »

Tous les spécialistes s’accordent pour dire que cette banalisation n’est pas anodine et qu’il est de la responsabilité des adultes de le faire savoir. Pourquoi, comment ? Entre enfance et adolescence, sexualité et pornographie, consentement et contrainte, exploration d’une zone grise.

 

Encore des enfants, déjà des ados ?

« On est dans des âges limite où on ne sait plus très bien s’il faut parler de touche-pipi ou d’acte sexuel », dit Geneviève Joliat. Et Olivier Halfon, chef du service de pédopsychiatrie du CHUV à Lausanne, d’observer qu’on voit aujourd’hui les mêmes filles faire une fellation à leur copain l’après-midi et, le soir, avoir encore besoin d’un doudou pour s’endormir.

Est-il plausible que des enfants prépubères soient attirés par ce genre de jeu ? Oui, répond le pédopsychiatre, car «les pulsions sexuelles existent déjà chez les jeunes enfants. Et durant la très mal nommée période de latence, qui couvre en gros la tranche de 6 à 11 ans, les pulsions sont fortes. Longtemps, la pulsion agressive a prévalu, mais maintenant, les enfants grandissent dans un environnement nettement plus sexualisé, et la pulsion sexuelle chez eux est probablement tout aussi puissante. Comme elle ne se heurte plus à aucun interdit, on a vite fait de dépasser le simple baiser». Le problème, ajoute le psychiatre, est que «tout cela advient sur un terrain psychiquement et physiquement immature».

 

Pas de quoi se prendre la tête ?

Ce qui est sûr, c’est que, pour un même acte, la perception n’est pas la même selon l’âge. Face à un jeune qui dit : « Ce n’est rien, on s’amuse », ne faudrait-il pas simplement prendre acte plutôt que d’en faire tout un plat ? «Il faut faire attention à ne pas dramatiser, du moment que pour eux, ce n’est pas un drame», dit Geneviève Joliat. Mais l’affaire est plus délicate, ajoute-t-elle, car c’est précisément cette banalisation qui risque de leur jouer des tours par la suite : «Un jour, la fille grandit, elle entre dans un véritable rapport amoureux, elle se rend compte qu’il ne commence pas par une fellation et elle se sent mal. C’est pourquoi les adultes, sans dramatiser, doivent accompagner ces jeunes, leur dire que la sexualité, ce n’est pas que ça et qu’ils doivent se protéger.»

Olivier Halfon renchérit : « Ce n’est pas parce que les enfants ne se rendent pas compte qu’il n’y a pas traumatisme, au contraire. » Lorsque le geste est consenti, dans le cadre d’un lien réciproque et d’un rapport de force équilibré, il n’a rien de traumatisant. « Ce qui fait la différence, précise-t-il, c’est la qualité du lien. Le problème est que lorsqu’une fille accepte de faire une fellation, c’est le plus souvent dans une relation où elle est soumise et humiliée. Même si elle n’a affaire qu’à son petit copain, ce dernier ira volontiers s’en vanter ensuite et elle se retrouvera avec une relation difficile à gérer. Le risque pour elle est de reproduire l’humiliation subie en se mettant en position de victime toute sa vie.» Dans les colloques spécialisés, les intervenants parlent volontiers de «comportements pré prostitutionnels ». D’autant plus que le garçon peut «prêter» sa copine à d’autres en exerçant sur elle un chantage affectif : «Si tu m’aimes…» ou «Si tu veux faire partie de la bande…» « Les enfants ont toujours joué au docteur. Mais on assiste actuellement à des phénomènes de groupe où s’exercent des pressions malsaines », conclut Geneviève Joliat.

Où commence l’abus ?

Michel Lachat rappelle quelques données juridiques : un adulte est punissable s’il a une relation sexuelle avec un mineur, même consentant. Entre mineurs, est punissable la personne qui a plus de trois ans d’écart avec son partenaire. Quant au viol, il n’existe pénalement que s’il y a pénétration vaginale.

Autant dire que la loi ne règle pas d’emblée le cas de la fille humiliée mais consentante décrit plus haut. « Si elle est d’accord, il est difficile de dire s’il y a faute pénale», observe le juge fribourgeois. La question, souvent délicate, est alors de savoir s’il y a «contrainte », physique ou psychologique. Face à un garçon qui a persuadé sa copine de se prêter à d’autres, Michel Lachat n’a pas d’état d’âme : « Je veux qu’il soit jugé. » Et même s’il échappe à une condamnation, il aura au moins rencontré sur son chemin un adulte qui lui signifie son indignation. « Faute pénale ou pas, il y a certaines choses qu’il ne faut pas laisser passer. Je le dis aux enseignants : si vous voyez quelque chose pendant les cours, il faut intervenir. »

Comment réagir ?

Intervenir, c’est ce qu’a fait cette enseignante lausannoise le jour où elle a surpris cinq garçons et une fille sortant précipitamment d’une cabine de toilettes. « Elle disait que tout allait bien et sa prof de classe me faisait remarquer qu’après tout, je n’avais rien vu. J’ai écrit aux parents, ils tombaient des nues en découvrant que leur fille se changeait en sortant de la maison et venait très déshabillée à l’école. Ils ont parlé, ils lui ont expliqué qu’elle se mettait en danger, elle a changé d’attitude et tout le monde était soulagé. »

Tous les parents et tous les enseignants n’ont pas cette attitude, regrette Michel Lachat. Souvent, leur silence vient de ce qu’ils ne savent pas comment réagir. Geneviève Joliat : « Il ne s’agit pas de punir ou prendre les choses au tragique. Le rôle des adultes, c’est de mettre des mots sur les choses pour leur donner un sens. Contre la banalisation, il faut quelqu’un qui dit : non, ce n’est pas banal. »

Source : Journal Le Temps de Lausanne

 

Par Le Temps - Publié dans : Analyses - Communauté : Réalités
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