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  • : Ce blog est un espace de liberté, où les femmes hypersexuelles pourront parler comme elles le veulent, se confier, et nous faire comprendre comment elles en arrivent à être ce qu'elle sont.
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Lundi 7 décembre 1 07 /12 /Déc 15:48

Putains, prostituées, putes, travailleurs du sexe, femmes galantes ou de petite vertu, filles de joie, appellez-les comme vous voulez.

Mais n’oubliez pas qu’elles sont des citoyennes comme les autres

Dénoncent notamment la loi sur le racolage du 18 mars 2003, instaurée par Nicolas Sarkozy.

A l’époque, le ministre de l’intérieur entendait arrêter le trafic d’êtres humains. Cette loi n’a pourtant jamais conduit devant la justice les souteneurs et responsables des réseaux de traites… Au contraire, elle a contribué à marginaliser les travailleurs et travailleuses du sexe, les mettant à la merci des proxénètes.

Le résultat est facile à deviner. Les prostitué(e)s, du fait de cette marginalisation, sont fragilisées, en but aux violences de toutes sortes et davantage exposées au Sida et aux MST.

Les travailleurs du sexe demandent l’abrogation de cette loi et la création d’un véritable statut.

Nous combattons aussi la propagation du Sida et des MST et préconisons le respect de bonnes pratiques de prévention.

Nous nous adressons aux associations de prévention, personnalités politiques et chercheurs en sciences sociales, toujours dans l’optique de donner la parole aux prostitués, de les faire entendre et de médiatiser leur parole.

Il est illusoire de vouloir supprimer la prostitution. Faut-il la réglementer ? «Droits et Prostitution» demande que sur cette question un débat s’ouvre. Ce collectif est membre de l’IRCRSE, « International Commitee on the Rights of Sexworkers in Europe ». Il est aussi composé de nombreuses associations de défense des prostitué(e)s comme l’ARCAT, (Association de recherche, de communication et d’action pour l’accès aux traitements), Les amis du bus des femmes, l’UNALS (Union nationale des associations de lutte contre le Sida), Cabiria, Femmes de droit droits des femmes, Femmes Publiques, Grisélidis, les putes, STT (Support Transgenre Strasbourg), Parité, le Pastt (Prévention Action Santé Travail pour les Transgenres)...


Ce mouvement s’inscrit dans la lignée des groupes de revendications des années 70. Il fédère la parole d’une nébuleuse d’associations de défense, d’information, de prévention, de soutien des travailleurs du sexe. Certaines demandent un statut et une reconnaissance de cette activité, d’autres s’occupent des droits des migrants. Dans certaines associations, dites communautaires (comme Cabiria, Le bus des femmes, Grisélidis…), les prostituées sont actrices dans la prévention auprès de leurs pairs. D’autres encore (Parité, le Pastt) défendent les droits des personnes transgenres.

On peut porter un regard moral sur la prostitution : est-ce bien ou mal ? Sauf que ce n’est pas le problème. La prostitution existe. En la cachant, on ne la supprime pas, on ne fait que déplacer le problème. On balaye sous le tapis.

C’est ce qu’a fait Nicolas Sarkozy. Les prostitué(e)s travaillent. Elles payent l’impôt. Certaines d’entre elles exercent leur métier sans contrainte. Oui, cela existe aussi, n’en déplaise aux moralisateurs qui ne voient dans les prostituées que des victimes du mauvais sort. Ils et elles ne sont pas si rares à aimer leur métier. Quant à la contrainte, elle vient, aussi, tout autant du souteneur que de l’Etat.

Plutôt que de débattre sur le sexe des anges, il serait plus utile de redonner à la prostituée la place qui lui revient dans la société et non pas la cantonner dans les recoins malsains de nos cités, comme si elle représentait notre mauvaise conscience.

Les associations, qui composent le collectif «Droits et Prostitution», réclament l’abrogation de l’article 225-10-1 A du code pénal pénalisant le racolage. Sous prétexte de sanctionner le racolage cette loi réprime en fait la prostitution. Comme il y a une répression de la prostitution, les prostituées sont amenées à se cacher. Elles subissent des menaces de la part des clients, mais aussi des policiers. Les personnes migrantes font l’objet d’une plus grande répression de la part de ces derniers et dans les commissariats des prostituées ont été humiliées, mises à nue. Des personnes travesties ou transgenres ont été placées dans des cellules avec des hommes, ce qui les exposent à des violences. Dans ces conditions, donc, les prostituées ne peuvent se rendre dans un commissariat pour porter plainte.

Ces faits ont été constatés par les associations. Le collectif «Droits et Prostitution», avec d’autres associations, a demandé à la commission citoyen-justice-police [commission nationale chargée de plancher sur les rapports entre les citoyens et les forces de sécurité et sur le contrôle et le traitement de ces rapports par l’institution judiciaire] constituée notamment de la ligue des droits de l’homme et du syndicat de la magistrature de produire un rapport : Des nouvelles zones de non-droit, des prostituées face à l’arbitraire policier. Il y a eu également des articles [cf Le monde 16/12/2007] qui relatent un cas de viol de prostituées par des CRS qui ont écopé des sept ans de prison. On peut également lire le dossier de presse de Médecins du monde de juin 2006.

Nous demandons, comme Sarkozy l’avait annoncé lors du vote, que l’on dresse le bilan de cette loi sur le racolage. On attend toujours.

En 20 ans de lutte contre le Sida et d’action de prévention on a appris que plus les conditions dans lesquelles s’exerce la prostitution sont sécurisantes, plus les personnes prostituées sont à même de se protéger par rapport au VIH/Sida et aux autres MST. Or le fait de rendre les prostituées invisibles du fait de la répression du racolage qui est en fait la répression de la prostitution et une répression des prostituées migrantes amène les prostituées à se cacher, les éloigne des structures de prévention et les fragilisent dans la négociation du préservatif.

De plus les prostituées, françaises ou migrantes, ont été amenées à rechercher la protection de souteneurs. Dans les années 80, les prostituées s’étaient libérées de l’emprise des proxénètes. Il y a eu une diminution des amendes pour racolage actif et elles ont pu se libérer de leurs proxénètes. Là on revient à un statut antérieur.

Pour les prostituées étrangères c’est très important parce que cette loi d’affichage, sous prétexte de protection de la femme et de lutte contre les réseaux, est en fait une chasse aux prostituées migrantes et sans papier.


Tous les boulevards extérieurs ont été vidés des prostituées migrantes. On se rend compte qu’elles ont été arrêtées et reconduites à la frontière sans que, lors de leur procès, on leur demande si elles étaient sous le joug d’un proxénète. On a beaucoup parlé d’autorisation provisoire de séjour en échange de leur « collaboration ». Il n’y a eu que des autorisations extrêmement provisoires qui ne permettaient pas à la personne d’être protégée.

Les prostituées payent des impôts au titre des bénéfices non-commerciaux, mais cette reconnaissance fiscale ne leur offre aucune protection et elles n’ont pas d’assurance chômage. Elles n’ont pas de droit à la formation professionnelle, à une retraite ni à l’accès à la médecine du travail. Puisqu’elles payent des bénéfices non-commerciaux elles estiment qu’elles sont des citoyennes à part entière et qu’elles devraient bénéficier des droits afférents
On voudrait la reconnaissance de la prostitution et sortir d’une conception réglementariste qui date du 19ème siècle. Les maisons closes c’est du proxénétisme d’état. Nous voudrions un statut qui sorte de ce proxénétisme d’état ou d’entreprise et qui se calque sur celui des professions libérales. Elles pourraient ainsi travailler sur une forme individuelle ou même sous forme collective (si on abolit le proxénétisme de soutien).
En Suisse, le statut des prostituées nous semble intéressant. En Suisse elles payent une patente qui leur permet de travailler chez elles, en même temps elles sont indépendantes.
Notre souhait est de montrer que derrière la prostitution il y a aussi des individus qui sont discriminés du fait de leurs pratiques sexuelles. La plupart sont des femmes et des personnes migrantes. Cette superposition fait que les personnes n’ont pas accès à la parole. Leurs droits sont bafoués du fait qu’elles cumulent un nombre de partenaires qui n’est pas « normal ». Et puis la loi sur le racolage est aussi utilisée pour chasser les étrangères.

Il faut savoir quelque chose de très important : la loi du 18 mars 2003 sur le racolage a été instaurée pour lutter contre la traite des êtres humains. C’est le discours officiel de Sarkozy. Or, depuis 2003, il n’y a pas eu un seul procès visant à démanteler des réseaux de traite des êtres humains. Je parle là de procès pour traite internationale, concernant des filles qui sont arrivées par la violence, qui sont contraintes. Il n’y en a pas eu un seul. Cette loi ne répond pas à ses objectifs. Cette loi est un prétexte.

Dans les arrestations pour racolage, des clients ont été utilisés par la police afin qu’ils indiquent si la prostituée les avait racolés. Les policiers ont menacé ces clients d’appeler leur entreprise ou leur femme… C’est de la subornation de témoin. «Droits et Prostitution» considère que courir après les prostituées pour les pénaliser à cause du racolage ou courir après les clients pour les punir d’activités prostitutionnelles c’est exactement la même chose. Cela favorise « l’invisibilisation», cela renforce les réseaux de proxénètes et les pratiques à risque. Dans la prostitution, il y a le client et la prostituée. Comme nous n’avons pas de discours moral sur le client, on considère que le pénaliser c’est la même chose que pénaliser la prostituée.

On ne voit pas très bien ce que le métier de prostitué(e) aurait de plus moralement dégradant que d’autres métiers dits « de services » ; ce qui l’est c’est, d’une part, le regard hypocrite d’une société qui le méprise tout en l’exploitant (en tous les sens du terme), d’autre part, et surtout, les conditions de cette exploitation, du fait de cette condamnation morale de façade.

Tout métier de service à la personne pourrait, si on pousse la logique des choses, être considéré comme de la prostitution. La condamnation "moraliste" du seul service qu’est le service sexuel est en droit injustifiable ; du reste le droit n’interdit pas la prostitution, mais le proxénétisme, généré par le refus de soumettre ce métier au droit social ordinaire. Il y aurait donc une contradiction à refuser certains droits sociaux aux prostitué(e)s, au nom d’un refus moral de la prostitution, alors que celle-ci n’est pas, en droit, interdite et qu’elle est une profession légalement fiscalisée et donc reconnue.

On ne voit pas, en effet, en quoi le sexe serait un organe corporel différent de la main qui masse ou qui coupe les cheveux ou qui soigne... à moins de considérer que la sexualité en général doit être soumise à des normes ou interdits moraux particuliers, ce qui avait peut-être encore un sens à une époque où la contraception n’existait pas, mais n’en a plus aujourd’hui. Les seuls motifs de cette différence paraissent d’ordre religieux et donc ne valent que pour ceux qui y adhèrent, non pour tous. Le problème est donc que le point de vue moral des adversaires de la prostitution n’est pas nécessairement celui de tout le monde. Chacun a le droit de considérer que la prostitution est un service comme un autre, et je ne vois pas au nom de quelle morale valant pour tous on pourrait imposer aux autres, client(e)s et prostitué(e)s consentant(e)s, la morale particulière qui est celle de ses adversaires. Personnellement, je n’aime pas la boxe que j’estime violente, mais je n’en demande pas l’interdiction pour autant, dès lors que les boxeurs (adultes et vaccinés) ne la voient pas comme telle ou consentent à cette violence comme plaisir lié à leur sport. Si c’est en effet le droit des adversaires de la prostitution de la refuser pour eux-mêmes, ce ne l’est pas de l’interdire aux autres. Ce qui fait que le droit, par principe libéral et universaliste, ne peut interdire la prostitution (laquelle ne concerne pas que les femmes), ce qui est effectivement le cas : le droit interdit le proxénétisme et le racolage sur la voie publique, pas la prostitution. Il est alors absurde de voir le droit condamner pour proxénétisme quiconque vit avec un(e) prostitué(e) ou loue un logement ou une chambre à un(e) prostitué(e ), etc.

Ainsi, si nul ne n’oblige personne à se prostituer ou à fréquenter les prostitué(e)s, on ne voit pas en quoi il faudrait interdire la prostitution, comme service rémunéré à la personne, à ceux qui y consentent. De plus, la fausse interdiction actuelle a pour seul résultat de transformer la prostitution en esclavage et en entreprise mafieuse, dont les pratiques sont contraires aux droits des hommes et des femmes prostitués.

C’est un tel déni des droits des prostitué(e)s qui est injustifiable, alors qu’ils ou elles ont le droit d’exercer ce métier. Pour sortir de cette contradiction, il faut donc sortir de l’hypocrisie qui consiste à condamner la prostitution et surtout les prostitué(e)s pour des raisons « moralistes » particulières et à « tolérer » l’exercice de leur métier dans les conditions les plus intolérables pour eux ou elles et les plus dangereuses pour la santé publique, du fait même de cette condamnation injustifiable en droit. Il faut donc légaliser la prostitution, de telle sorte que les prostitué(e)s jouissent du droit social de tous les autres travailleurs, et que les exigences de santé publique particulières à cette profession puissent s’appliquer comme dans les autres.

Par Cindy - Publié dans : Témoignages - Communauté : Réalités
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