Les femmes hypersexuelles


Ipathie
Hypatie d'Alexandrie (v. 370-415 après J.C.) est une mathématicienne et une philosophe grecque.


Son père, Théon d'Alexandrie, dernier directeur du Musée d'Alexandrie, est éditeur et commentateur de textes mathématiques. Il éduque sa fille en l'initiant à la mathématique et à la philosophie.

 

La ville, comme le reste du pays est depuis longtemps sous domination romaine. Elle est le siège d'une vie culturelle et scientifique florissante

 

Très vite, la jeune fille montre un très vif intérêt pour la connaissance sous toutes ses formes, et bientôt surpasse son maître de père. Elle enseigne, à son tour, les mathématiques, la géométrie

 

Aussi intelligente que belle, elle se marie à Isodorus, un philosophe, science qu'elle étudie et enseigne elle-même. Elle séduira l'empereur Arcadius.

 

Hypatie fait ses études de sciences, philosophie et éloquence à Athènes. Elle travaille aussi dans le domaine de l'astronomie. Ses exposés publics à Alexandrie, où elle défend les thèses néoplatoniciennes lui valent une grande renommée. Cependant aucun de ses travaux ne nous est parvenu, en particulier à cause de l'incendie final en 641 par les Arabes de la Grande Bibliothèque d'Alexandrie ; ceci explique sa faible notoriété.

 

Synésios de Cyrène, un de ses élèves (avant 395) qui était aussi son ami et qui devint évêque de Ptolémaïs, la loue dans ses lettres (en 404-407) pour sa grâce (très belle, elle reste vierge d'après la légende) et lui demande des conseils. Il lui a écrit : « C'est pour vous seule que je négligerais ma patrie ; et si jamais je puis la quitter, ce ne sera que pour aller auprès de vous » ; et ailleurs : « Quand bien même nul souvenir ne resterait aux morts dans les enfers, moi je m'y souviendrais de ma chère Hypatie ». Dans une lettre à son père, il dit d'elle : « La philosophe si chère à Dieu et que nous ne saurions trop vénérer »

 

L'historien chrétien Socrate le Scolastique rapporte dans son Histoire ecclésiastique (vers 440) :

 

« Il y avait à Alexandrie une femme du nom d’Hypatie : c’était la fille du philosophe Théon. Elle était parvenue à un tel degré de culture qu’elle surpassait sur ce point les philosophes, qu’elle prit la succession de l’école platonicienne à la suite de Plotin, et qu’elle dispensait toutes les connaissances philosophiques à qui voulait ; c’est pourquoi ceux qui, partout, voulaient faire de la philosophie, accouraient auprès d’elle. La fière franchise qu’elle avait en outre du fait de son éducation faisait qu’elle affrontait en face à face avec sang-froid même les gouvernants. Et elle n’avait pas la moindre honte à se trouver au milieu des hommes ; car du fait de sa maîtrise supérieure, c’étaient plutôt eux qui étaient saisis de honte et de crainte face à elle. »

En 412 après J.C., Cyrille devient patriarche de la ville d'Alexandrie. Il est là pour christianiser la population coûte que coûte, et cette femme, dont on rapporte que ses élèves sont sous le charme de sa grande connaissance, de son charisme et sous l'influence de sa beauté si grande qu'ils en sont tous amoureux, fait de l'ombre, par ses théories en astronomie et en philosophie, aux textes bibliques et à leur interprétation. On l'accuse de mener un groupe de païens.

 

En mars 415, à 45 ans, elle meurt lapidée par des chrétiens fanatiques. Selon la thèse de Socrate le Scolastique (vers 440), les chrétiens lui reprochaient d'empêcher la réconciliation entre le patriarche Cyrille d'Alexandrie et le préfet romain Oreste à la suite de conflits sanglants entre diverses communautés religieuses d'Alexandrie. Selon la thèse du philosophe néoplatonicien Damascios (en 495), l'évêque aurait découvert par hasard, en passant devant chez Hypatie et en voyant la foule qui s'y pressait, la popularité de la philosophe. Toujours est-il qu'elle est arrachée à sa voiture, entraînée dans une église, siège patriarcal, consacrée à Saint Michel, appelée le Caeserium quand l'édifice était le centre du culte impérial à Alexandrie. Hypatie est déshabillée, tuée à coups de tessons, mise en pièces. Ses restes sont promenés par les rues et brûlés.

D'après Socrate le Scolastique, vers 440 :

« Contre elle alors s’arma la jalousie ; comme en effet elle commençait à rencontrer assez souvent Oreste, cela déclencha contre elle une calomnie chez le peuple des chrétiens, selon laquelle elle était bien celle qui empêchait des relations amicales entre Oreste et l’évêque. Et donc des hommes excités, à la tête desquels se trouvait un certain Pierre le lecteur, montent un complot contre elle et guettent Hypatie qui rentrait chez elle : la jetant hors de son siège, ils la traînent à l’église qu’on appelait le Césareum, et l’ayant dépouillée de son vêtement, ils la frappèrent à coups de tessons ; l’ayant systématiquement mise en pièces, ils chargèrent ses membres jusqu’en haut du Cinarôn et les anéantirent par le feu. Ce qui ne fut pas sans porter atteinte à l’image de Cyrille et de l’Église d’Alexandrie ; car c’était tout à fait gênant, de la part de ceux qui se réclamaient du Christ que des meurtres, des bagarres et autres actes semblables soient cautionnés par le patriarche. Et cela eut lieu la quatrième année de l’épiscopat de Cyrille, la dixième année du règne d’Honorius, la sixième du règne de Théodose II, au mois de mars, pendant le Carême. »

 

D'après Jean de Nikiou (Nicée), au VII éme siècle :

« En ces temps apparut une femme philosophe, une païenne nommée Hypatie, et elle se consacrait à plein temps à la magie [théurgie, selon Michel Tardieu], aux astrolabes et aux instruments de musique, et elle ensorcela beaucoup de gens par ses dons sataniques. Et le gouverneur de la cité l'honorait excessivement; en effet, elle l'avait ensorcelé par sa magie. Et il cessa d'aller à l'église comme c'était son habitude.... Une multitude de croyants s'assembla guidée par Pierre le magistrat – lequel était sous tous aspects un parfait croyant en Jésus-Christ – et ils entreprirent de trouver cette femme païenne qui avait ensorcelé le peuple de la cité et le préfet par ses sortilèges. Et quand ils apprirent où elle était, ils la trouvèrent assise et l'ayant arrachée à son siège, ils la trainèrent jusqu'à la grande église appelée Césarion. On était dans les jours de jeûne. Et ils déchirèrent ses vêtements et la firent traîner (derrière un char) dans les rues de la ville jusqu'à ce qu'elle mourût. Et ils la transportèrent à un endroit nommé Cinaron où ils brûlèrent son corps. Et tous les gens autour du patriarche Cyrille l'appelèrent « le nouveau Théophile », car il avait détruit les derniers restes d'idolâtrie dans la cité. »

Le film « Agora », du réalisateur espagnol Alejandro Amenábar, a été présenté hors compétition lors du festival de Cannes 2009. Ce film relate la vie d'Hypathie, et il est sorti en salles àl ’automne 2009. C’est une jeune femme brillante qui inspire le réalisateur : la philosophe et mathématicienne grecque Hypatie qui aurait dirigé l’école néoplatonicienne d’Alexandrie et qui dispensait son enseignement à qui voulait bien le recevoir. Il en fait une astronome, une scientifique dont les réflexions contestent des faits que l’on estime établis. Il en fait surtout une véritable héroïne de cinéma : une femme moderne qui ose aller à contre-courant de son époque et qui défend les valeurs auxquelles elle croit. Et pour les besoins d’un scénario grand public qui impose un certains nombre de critères – amour, haine, désir, envie, pouvoir, jalousie…-, deux de ses élèves en tombent amoureux. L’un est fictif, c’est Davus son esclave qui rêve aussi d’être affranchi. L’autre a vraiment fréquenté Hypatie, c’est Oreste, le préfet romain… Davus va choisir le camp des chrétiens qui lui apportent la liberté. Oreste, lui, va soutenir Hypatie jusqu’à ce que son propre pouvoir soit remis en cause. Car à l’époque la révolte gronde. Chrétiens et Juifs s’affrontent pour imposer leur foi… et bien sûr leur influence auprès des Romains. Au delà de ses héros, c’est l’obscurantisme religieux et l’avènement sauvage d’une religion que met en scène cet Agora. Vingt siècles avant le nôtre.

Mer 13 jan 2010 7 commentaires
Cette belle et tragique histoire, que le film Agora permet de connaitre, montre que l'obscurantisme religieux, l'intolérance est un vieux fléau. les femmes ont en été les premières victimes! Les fanatiques de toute confession sont des frères!
Cindy - le 14/01/2010 à 00h04
Vous avez bien fait, Sophie, de reprendre cet article très intéressant. Il prouve que le fanatisme et l'intolérance ont toujours été un fléau et doivent être combattus sans compromis.
Il montre aussi depuis Hypatie jusque la burqa ou la lapidation dans la charia que les femmes ont toujours été les premières victimes des obscurantistes.
Il y a une vriae filiation de Cyrille d'Alexandrie à Ben Laden!
Dernière remarque: vous avez bien fait de censurer certains commentaires sur vos blogs, de gesn qui viennent insulter les victimes ou faire leur propagande de haine!
Chienne de garde - le 14/01/2010 à 13h08
Merci à vous, je continuerai de censurer les intolérants, au risque de le sembler l'etre moi aussi !!!
Sophie
Tu as bien fait Sophie de publier également cet article de Cindy. Il faut diffuser ce genre de messages quand on veut combattre la bêtise et l'intolérance.
Et c'est vrai que les femmes ont en souvent été victimes, pour les rabaisser, les exploiter, en faire des soumises, d'éternelles mineures.
Olga - le 14/01/2010 à 17h52
La haine des femmes c'est pour l'homme la haine de soit. Ces fanatiques de tout poil et de toute époque ne sont pas dignes d'appartenir au genre humain!
Doc - le 15/01/2010 à 09h04
A propos d'Hypatie, j'ai lu ceci, dans un ouvrage intitulé Byzance (l'empire romain d(Orient) et rédigé par P et J Soisson, édité chez Minerva en 1977 et réédité chez France Loisirs (page 94)

" Une bande de chrétiens fanatiques, conduite par un proche du patriarche, l'attire dans un guet-apens, la traîne de force dans une église et là, sans soucis du sacrilège, arrache les vêtements de la jeune femme, la bat sauvagement, avec un sadisme inouï, qui se continue au delà de la mort car on dépèce et brûle les restes de l'infortunée.

Cet acte de cruauté inqualifiable ne reçoit aucune punition. C'est que jamais l'Eglise n'aima la femme, incarnation de cette Eve qui perdit Adam"

Ce n'est pas moi qui le dit, mais les historiens qui rappellent aussi les paroles de Saint-Jean Chrysostôme, patriarche de Constantinople à la même époque (au IV ème siècle) et qui avait combattu l'impératrice Eudoxie, épouse d'Arcadius, du fait de sa conduite jugée "débauchée". Pour celui qui est un saint pour l'église catholique come orthodoxe (rappelons que Cyrille, le meurtrier de Hypatie, est un saint également!), la femme est "un mal nécessaire, une tentation naturelle, une désirable calamité, un péril domestique, une fascination mortelle, un fléau fardé"

Ne croyez vous pas que, sans aller jusqu'à considérer que la religion a été un instrument d'opression des femmes, l'église a fait beaucoup de mal et surtout n'a pas fait son mea culpa sur son passé sanglant, qui va du masacre d'Hypatie aux buchers des cathares et de l'inquisition. Comment est-il possible par exemple que Cyrille figure encore aux calendriers des saints, pour ne parler que de lui! Et je ne parle pas du bienheureux Pie XII, si silencieux pendant l'holocauste!

On a raison de condamner le fondamentalisme musulman mais il y a un travail d emémoire à faire du côté de l'église! celle-ci n'a pas encore connu son Grbatchev, même pas son Khroutchev, qui lui au moins avait dénoncé les crimes de Staline. Je n'ai pas entendu l'église s'exprimer pour demander pardon de ce passé. Et pardon aux femmes pour l'opression qu'elle leur a fait subir.
Michel - le 15/01/2010 à 14h47
Vos precisions sont très interessantes. Il semble que ce soient toutes les religions monothéistes qui rabaissent la femme au rang d'ojet procréateur de l'Homme. point final.
Sophie
Oui, le mythe fondateur de la soumission de la femme à la toute puissance de l'homme c'est celui d4eve et de la pomme. Pour ces gens là, la femme, c'est le péché originel, la tentation.
Certains ont dit que la religion était l'opium du peuple. Elle a été et reste encore une prison pour la femme.
Nous attendons encore les excuses et les regrets de l'église pour ces siècles d'oppression!
Les barbus salafistes sont bien les frères d'autres barbus comme les "pères de l'Eglise" comme Jean Chrysostôme ou Cyrille. Et le pape actuel ne rejette pas cet héritage!
La baisse de la pratique religieuse est bien une condition de la libération de la femme.
Laure - le 16/01/2010 à 13h36
Laure et Michel, ce que vous dites est vrai, mais la religion n'est qu'un des aspects, qui a beaucoup perdu d'influence, au moins en Occident. Il ne faut donc pas exagérer son rôle. Il y a bien d'autres facteurs qui ont contribué à la condition féminine. L'égalité entre hommes et femmes reste encore un objectif, mieux, un combat!
Doc - le 16/01/2010 à 20h22