Les femmes hypersexuelles

Impossible d’allumer la télévision ou la radio, d’ouvrir un journal ou un magazine sans tomber sur une émission ou un gros titre dénonçant la « banlieue » et son folklore : ses jeunes et leurs violences, sa délinquance, ses armes de guerre, ses business, ses incendies de voitures, ses agressions de policiers, de profs, de médecins, de chauffeurs de bus et, cerise graveleuse sur le gâteau, ses viols collectifs invariablement appelés tournantes.

 

La plupart des témoignages, reportages, articles de presse, films qui ont, ces dernières années, abordé la question des banlieues n’ont pas su éviter l’écueil de la stigmatisation, quand bien même leurs auteurs avaient les meilleures intentions.

 

La difficulté est énorme. D’un côté, il se produit à certains moments dans certains quartiers des événements graves qu’on ne peut ni occulter ni minimiser sous prétexte de ne pas montrer leurs habitants du doigt. La campagne de dénonciation des tournantes a souvent pris un tour honteusement racoleur, mais elle a contribué à mettre le problème sur la place publique. La marge est étroite entre nécessité de dire (et d’agir) pour enrayer les dérives et utilisation de ces dérives pour frapper d’opprobre les classes dangereuses. On ne peut sortir de la contradiction qu’en étant profondément solidaire de ceux qu’on dénonce et de ceux, bien plus nombreux, qui, autour d’eux, savent et pourtant se taisent et laissent faire. Il ne s’agit pas de laxisme. Les viols, les violences, les vols, le deal de drogues dures doivent être sanctionnés.

 

C’est en réalité toute une fraction de la jeunesse des quartiers dits difficiles qui est à l’abandon, livrée à elle-même, privée des repères culturels, éthiques et politiques qui permettraient aux jeunes d’adopter une autre conception des relations filles/garçons mais aussi, plus généralement, de leur vie personnelle et sociale. Leur ouvrir d’autres horizons est un devoir. Personne, ou presque, ne s’y attelle. Les profs assurent leurs cours comme ils peuvent, et tentent de faire passer quelques notions éducatives souvent disqualifiées par ce que vivent les élèves, et ce qu’ils voient de l’actualité. Les familles des jeunes qui dérapent sont dépassées. Les éducateurs, les assistantes sociales, les psychologues scolaires, les services de la Protection judiciaire de la jeunesse, les policiers, sont débordés. Les problèmes sont saucissonnés entre dix intervenants qui n’en traitent chacun qu’une partie avec des moyens insuffisants et aucune vision d’ensemble.

 

Une fraction de la jeunesse part de travers. Elle a un besoin impérieux qu’on lui consacre les moyens éducatifs, humains et matériels nécessaires. Mais, plus que tout, c’est de politique qu’elle a besoin. De comprendre comment va le monde, qui est qui, qui cherche quoi, qui dirige ou manipule, et pourquoi. Et, pour s’orienter dans cette confusion apparente, les jeunes ont besoin d’idées sur ce qu’ils peuvent faire, individuellement et collectivement, pour que la société dans laquelle on les fait vivre cesse d’être la jungle où règne la loi du plus fort, du plus riche ou du plus malin. Si ces explications ne viennent pas, vite, ils traduiront en termes barbares ce que ceux qui dominent le monde leur suggèrent comme modèle : moi, ma gueule, mon fric, mon cul.

 

Depuis le film de Fabrice Genestal (2000), « La Squale », qui, entre autres horreurs, présentait le viol collectif d’une fille draguée par un jeune beau comme un Dieu et pourri comme un Diable, et depuis que la presse s’est penchée sur la question, les « tournantes » sont apparues dans l’actualité ! La presse se fait l’écho de procès.

 

Le sujet présentait tous les ingrédients du sensationnel à bon compte : des jeunes, de la violence, du cul. De quoi faire fantasmer le bourgeois sur les classes dangereuses. Pour en avoir le cœur net, j’en ai discuté avec deux classes. Une de filles, première année BEP, 17 ans en moyenne, et une terminale Bac pro industriel uniquement des garçons, tous âgés de plus de 20 ans. La plupart de ces jeunes habitent des cités, parfois bien difficiles. Je suis assez atterré : presque la moitié des filles (13 sur 28) connaissent au moins une fille qui « a tourné » et autant au moins un garçon qui a participé à au moins un viol collectif.

 

Pourcentages identiques dans la classe de garçons (10 sur 21) mais il s’agit parfois des mêmes cas. Pour la moitié de ces jeunes, l’existence des tournantes est une évidence, comme les vols, le racket ou les violences. Ça fait partie de la vie des cités.

 

Les appréciations sont radicalement différentes dans la classe de filles et celle de garçons.

 

Naturellement, les filles trouvent ça dégueulasse, scandaleux, révoltant. Elles expriment une défiance profonde à l’égard des « mecs des cités » : « Tout ce qu’ils veulent, c’est se vider ». Je saisis au vol des bribes de récits terrifiants. L’une raconte comment une de ses copines a été contrainte à une fellation par un type armé d’un couteau. Une autre comment, alors qu’elle avait 11 ans, circulant dans les caves de son bâtiment, elle et ses copines avaient surpris un viol collectif : des « grands » se relayaient dans une cave dans laquelle hurlait une fille. Deux ou trois autres s’interpellent : « Tu sais, F., la petite brune qui était avec Z la semaine dernière à la porte du lycée, elle a été tournée à la cité X ».

« Il n’y a pas forcément de violence » raconte une autre.

« J’ai une copine qui était dans un squat avec son copain. Ils ont fait… Bon, vous comprenez. Ensuite, elle était en slip et soutien-gorge, deux types sont arrivés. Si tu ne fais pas l’amour avec eux, je te quitte lui a dit son copain. Elle a cédé. »

Autre cas : le chantage à la dénonciation aux parents. Une fille fait l’amour avec son copain, les autres arrivent et exigent qu’elle y passe avec eux parce que ses parents ne seraient pas plus contents d’appendre ce qu’elle a fait avec l’un qu’avec les autres. Ça marche.

 

Mais tout en considérant que les types sont « dégueulasses », elles intègrent tellement la situation qu’elles en rendent aussi responsables les filles qui y passent. Il y a, disent-elles, celles qui sont consentantes (elles citent le témoignage d’une fille sur la radio Sky-Rock). Et puis, celles qui « le cherchent ». Non qu’elles souhaitent, comme le soutiennent certains garçons, coucher avec un bataillon, mais qui prennent des gros risques : elles regardent les mecs dans les yeux ou leur font des sourires, ou passent et repassent devant eux, ou sont en jupe, ou ont un décolleté, un tee-shirt ou un pantalon trop moulants, une démarche trop comme ci ou pas assez comme ça.

Bref, il faut respecter les codes de la cité. Discussions passionnées entre elles : « Tu sortirais en jupe, toi, dans la cité ? » ;

« Quand tu viens chez moi, tu ne te mets pas en jupe ! » ;

« L’autre fois, je suis allée au centre commercial avec une copine. On s’est fait accrocher par une bande de garçons. On n’a pas répondu, on a tracé. Pour le retour, on a pris un autre chemin. Parce que, si on était repassées devant eux, ils auraient cru qu’on les cherchait, qu’on les provoquait. »

 

Ce délire des filles qui provoquent est profondément ancré et, finalement, suscite plus de discussions que l’attitude des garçons qui, au bout du compte, est considérée comme une donnée, quasi « normale ». Quelques-unes ont un point de vue plus juste : « Tu peux marcher comme tu veux, être en survêtement, garder les yeux baissés, ils te font des réflexions, t’envoient des baisers. Si tu réponds, tu es une salope qui cherche. Si tu ne réponds pas, tu es une salope bêcheuse à qui il faut apprendre la vie. Ils se croient tout permis. »

 

 Classe de garçons. Quand (un quart d’heure avant la sortie, autrement on y passe les deux heures de cours) j’annonce le sujet, mouvements divers dans la classe. Intervention de Youssef, un gars bien qui, à la fin du cours, me dit : « Il se passe des trucs horribles. Vous ne pouvez pas imaginer, et avec des tout petits ! Je ne comprends pas comment on peut aller avec une fille sans sentiments. Moi, c’est physique, physiquement, je ne peux pas. »

Mais, pour commencer, Youssef est fâché : « Dans quel journal vous avez lu ça ? Le Monde ? Mais qu’est-ce qu’il connaît des cités le journaliste du Monde ? Il y vit, lui dans les cités ? Quand on parle des jeunes, c’est toujours comme ça. » Je lui ai promis une copie du Monde pour qu’il se fasse sa propre idée en ajoutant que les articles de F. Chambon étaient en général sympas à l’égard des jeunes et des habitants des cités. L’incident me semble tout de même digne d’être rapporté car il témoigne de l’exaspération de certains jeunes au sujet de l’image qu’on donne d’eux.

 

Premier mouvement : les viols collectifs ? Connais pas. Ricanements dans la classe, apartés qui montrent qu’ils savent très bien ce dont je parle. Des filles qu’on « tourne » ? Ah ! Oui, peut-être. Mais elles sont consentantes. C’est ce qu’elles cherchent ! On se retrouve rapidement dans le diptyque : saintes ou salopes. Les mêmes qui, dans d’autres discussions, soutenaient que les filles doivent se couvrir (« Ça vous dirait, à vous, que tous les types qui passent voient les formes de votre femme ? ») tentent de justifier l’injustifiable et d’expliquer que ce qui leur arrive est normal, qu’elles l’ont cherché. Ils ont une explication imparable. Elles sont consentantes, mais quand ça se sait dans la cité, pour sauver leur réputation, elles portent plainte pour viol.

 

Ils connaissent mes idées, m’aiment bien et me « respectent » professionnellement mais aussi pour les activités que j’ai menées en défense des sans-papiers. Ils savent que je ne tolère pas n’importe quoi. Ils modèrent donc leurs propos. Mais je devine que certains d’entre eux ont trempé dans ces histoires. Quelques autres me soutiennent, mais sans se battre. Ils expriment leur désapprobation, c’est leur opinion mais ils n’ont pas vraiment de jugement sur leurs copains qui pratiquent de tels actes.

 

J’inverse le problème, en me plaçant du point de vue des garçons, soulignant la misère affective, morale et sexuelle dans laquelle il faut être pour en arriver là : c’est la sexualité chez les bêtes, les chiens en rut. Je leur annonce que je vais leur filer 50 balles pour qu’ils se payent des poupées gonflables. Ça les vexe, j’ai le dernier mot. Mais pour les faire évoluer, il faudrait y revenir cinquante fois.

 

Mer 28 oct 2009 9 commentaires
J'espère que ces réflexions éclaicirons le débat et ferons avancer la prise de conscience
Thierry - le 28/10/2009 à 22h28
c'est le moral à zéro que je vous écrit ce message, j'ai vraiment besoin de vos conseils.Il y a 3 semaines, j'ai été passer la nuit chez mon mec, nous sortons ensemble depuis 2 mois et j'en suis folle, mais lui ne s'investit pas trop. Nous avons fait passionnément l'amour à deux reprise pendant la nuit, et vers 2 heures du matin,je l'entendais faire du bruit,mais j'étais dans un demi sommeil, quelques minutes plus tard j'ai sentis une main me caresser, avec douceur, je savourais ces caresses sans ouvrir les yeux, en pensant que c'était Stan, mais lorsque j'ouvris les yeux c'était un homme que je ne connaissais pas du tout, horrifiée, je m'apprêtais à crier lorsque celui ci me ferma la bouche de ses grandes mains.ensuite il criait le nom de ses amis, qui rentraient dans la chambre.ils étaient 5.je pensais à des braqueurs et j'avais peur qu'ils aient fais du mal à Stan. ces 6 garçons mon violés dans tous les sens, je n'avais plus de voix tellement j'avais crié. et pendant qu'ils me violaient, je vis stan rentrer silencieusement et s'asseoir en face sur un fauteuil, je le suppliais, mais il me regardais , une cigarette à la main.les 6 garçons sont partis au levé du jour, je n'avais plus de force, je rampais jusqu'à la salle de bain, mais Stan me retrouvais ensuite et comme s'il ne c'était rien passer il me viola encore. Il ma ensuite menacé de ne raconter cet épisode à personne et que je l'avais aidé à réaliser son plus grand fantasme. j'ai été hospitalisée pendant une semaine, Dieu merci je suis seronégative, ma meilleure amie m'a conseillé de le dénoncer, mais moi je compte juste quitter la ville, de peur de tomber sur lui ou l'un de ses complices...
Francine - le 28/10/2009 à 22h43
Francine, votre mail est terrible. Je vous reponds brièvement, ce soir, mais vous devez porter plainte. C'est impératif. Ils ne doivent pas rester impunis. La peur est logique, et ils vont penser vous tenir avec ça. Ils recommenceront à la première occasion, et vous entrerez dans un cercle infernal.
Vous avez été hospitalisée,  il doit donc y avoir un dossier médical circonstancié. Ce n'est pas à vous d'avoir peur, mais à eux, et surtout à votre "ami", qui a tout organisé. il est doublement fautif. Marine vous repondra, elle a vécu la meme chose que vous. un viol organisé par son "copain" de l'epoque. je sais qu'elle regrette par-dessus tout de ne pas avoir porté plainte.
Ces ordures jouent sur votre peur pour se sentir tout à fait libres, et vvire en totale impunité. Votre salut passe par leur sanction, leur emprisonnement.
Dans le blog, vous avez des liens d'associations qui pourrotn vous aider plus directement que moi. Contactez-les, des gens pourront vous conseiller au jour le jour et vous soutenir de façon plus matérielle que moi.
Ne restez pas seule, allez les voir, ils vous aideront aussi à porter plainte. Francine, je vous en prie, portez plainte !
Marine vous ecrit demain.
Soye aussi forte que possible, mais ne restez pas seule...
Je vous embrasse bien affectueusement,
Sophie
Sophie
Une affaire, qui s'est déroulée à Bigorre en 1994 et a seulement été jugée en 2008 illustre bien le drame de la victime quand elle tarde à porter plainte pour de nombreux motifs, la peur, la honte..
Neuf ans après leur mise en examen, sept jeunes hommes accusés d'avoir participé en 1994 à un viol collectif à Luchon, en Haute-Garonne, ont été condamnés en première instance, en décembre 2008, la cour d'assises de Toulouse qui avait prononcé des peines de deux à cinq ans de prison contre six des sept jeunes gens, dont deux étaient mineurs au moment des faits. Le septième avait été acquitté.
Les accusés, aujourd'hui âgés de 31 à 35 ans et tous insérés dans la vie active, ne se fréquentaient pas particulièrement et pour certains pas du tout à l'époque des faits.
Même si les conditions dans lesquelles ils ont été mis en cause dans le cadre de cette affaire diffèrent, ils nient tous avoir participé aux faits décrits par la victime. Pour l'avocat de la jeune victime : « Ils racontent n'importe quoi.
Quinze ans après les faits présumés, les accusés ont du faire appel à leurs plus profonds souvenirs pour étayer leur défense et plaider, une fois encore, non coupable.Les faits qui leur sont reprochés sont datés de 1994… La victime hésite aussi entre 92 et 93 ! Elle accuse de manière incertaine, la participation de plusieurs accusés reste encore floue."Cela rend la défense pour le moins délicate », explique l'avocat de deux frères, dont un ayant été acquitté en première instance.
Ces années écoulées rendent délicate l'audition des témoins entendus dans le cadre de l'enquête… en 1999.
« Ils ne se souviennent plus de ce qu'ils ont déclaré. On doit donc lire leurs dépositions… Cela contrevient au principe de l'oralité des débats », insiste Me Cohen.
Selon lui, ces lenteurs n'ont pas permis à ses clients, qui sont les seuls dans le cadre de ce dossier à avoir reconnu une partie des faits durant leur garde à vue avant de se rétracter, de « bénéficier du droit à être jugé dans un délai raisonnable. C'est un droit garanti par la convention européenne des droits de l'Homme ».
Une chose n'a pas varié : la guerre de tranchées que vont se livrer avocats de la partie civile et de la défense.
Les accusés, à l'époque âgés de 17 à 21 ans, issus de milieux très différents, clament toujours leur innocence. La victime, âgée de 28 ans, maintient quant à elle le récit, confus et chaotique, de cette soirée sordide qu'elle assure avoir vécu
Dans les rues de la cité thermale, nichée aux pieds des Pyrénées, bien des choses ont changé : les lieux, les gens… Lors de l'enquête déjà, les gendarmes avaient eu du mal à éclaircir ce dossier particulièrement obscur. Les investigations menées ensuite par la section de recherche de Toulouse n'avaient apporté aucune certitude.
C'est fin 1999 que la victime dénonçait auprès des gendarmes de Luchon le viol collectif qu'elle aurait subi plusieurs années plus tôt. Une nuit (qu'on a fixée entre mars et avril 1994), au terme d'une soirée particulièrement arrosée, elle aurait été violée sur le parking d'une discothèque de Luchon. De faits sordides dont elle ne se souvient que par flashes. « Il lui a fallu cinq ans pour que ça sorte, elle avait honte. Cette déclaration, ce n'est pas seulement sa parole contre celle des accusés. La première version des faits qu'elle donne manquait certes de précisions, mais elle a été confirmée dès les premiers jours de l'enquête par deux des accusés. Ces derniers ne sont revenus sur leurs aveux que dix-huit mois après lors d'une confrontation.
Perturbée psychologiquement et ayant de grosses difficultés, cette jeune femme est aujourd'hui en foyer pour travailleurs handicapés.
Il faut vraiment encourager les victimes à porter plainte le plus rapidement possible, les aider dans leur détresse.
Victor - le 29/10/2009 à 06h45
J'ai oublié un point essentiel, les accusés ont été acquittés en appel!
L'avocat général avait requis l'acquittement pour cinq d'entre eux et des peines de quatre ans avec sursis pour les deux autres.
Ils comparaissaient libres devant la cour, mais cinq d'entre eux avaient été emprisonnés à la suite du premier procès, en décembre 2008 à Toulouse. Le procès en appel se déroulait devant la Cour d'assise de Montauban. Une nouvelle expertise psychiatrique avait confirmé que la victime a bien été violée. Mais l'instruction d'audience a démontré également les faiblesses de l'enquête des gendarmes.
Des peines de deux à cinq ans de prison avaient été prononcées par la cour d'assises de Haute-Garonne contre six des sept jeunes gens, dont deux mineurs au moment des faits.
Les accusés, aujourd'hui trentenaires et bien insérés dans la vie professionnelle, avaient plaidé non coupables.
Ces jeunes gens -deux étaient mineurs et les autres étaient jeunes adultes- avaient été accusés du viol en réunion d'une adolescente âgée de 14 ans, sur un parking à la sortie d'une discothèque. Les faits n'avaient été révélés que cinq ans après. J'ai mentionné cette terrible histoire pour souligner l'importance d'une plainte rapidement après les faits. Francine, Sophie a raison, déposez plainte et vite, sinon vos bourreaux peuvent s'en sortir et s'en prendre à d'autres jeunes filles.
Victor - le 29/10/2009 à 22h17
Le 4 octobre 2002, Sohane B., une jeune fille de 17 ans, était brûlée vive par un jeune "caïd" dans un local à poubelles d'une cité de Vitry-sur-Seine ; elle avait refusé les avances de ce caïd et n'acceptait pas la domination masculine et la loi du plus fort…
Le 1er février 2003, des femmes d'une association " ni putes ni soumises " ont commencé une marche qui partait de Vitry-sur-Seine. L'égalité des sexes et le respect de la femme dans les cités sont les causes de cette révolte. Quand elles sont arrivées dans la ville de Marseille, les femmes se plaignaient : " Nous ne pouvons à peine montrer notre peau, on devrait même se baigner habillées !!! "
- " ni putes " c'est pour tous ceux qui répètent : "C'est toutes des putes, sauf ma mère."
- " ni soumises " car c'est aux femmes de dire " non !!! " quand elles ne sont pas d'accord…
Il faut cesser de fermer les yeux sur de tels actes. Des viols se font même devant témoins sans que personne ne bouge, par peur. Il faut dépasser cette peur et rendre l'égalité des sexes et le respect de la femme dans les cités où les jeunes pensent être les "caïds" à qui les femmes ne devraient rien refuser !!!
Samira - le 30/10/2009 à 06h40
Maurice a parlé du cas de "Leila" dans son post numéro 5 sous le témoigngae de Nicole. Le 27 septembre 2002, la cour d’assises de Pontoise a rendu son verdict contre 18 personnes accusées de viol collectif. Les peines prononcées vont de 5 à 12 années de réclusion criminelle. Les faits remontaient entre décembre 1998 et janvier 1999. Durant cette période, une jeune fille de 15 ans a été traquée, séquestrée et subie des viols collectifs à plusieurs reprises dont les 18 auteurs, mineurs lors des faits, sont issus du quartier de la Dalle à Argenteuil.
Le récit de cette ado met en évidence une trame commune à toutes celles victimes de viols collectifs. La victime, après avoir été surprise d’avoir échangé quelques baisers dans un escalier avec son nouveau petit ami en marge d’une soirée, est immédiatement cataloguée de fille facile. La sacralité que donnent les garçons auteurs des tournantes à leur mère et leurs sœurs, ils l’enlèvent complètement à leur victime, si bien qu’elle devient une chose à leurs yeux. A partir de cette représentation, commence le calvaire infernal. Menaces, séquestration, fellations, sodomies - prenant le soin d’éviter une grossesse à la victime - , toutes ces horreurs sont perpétrées très régulièrement, une fois à bord d’un train, une autre dans les locaux d’une école primaire, très souvent dans des caves et des squats. Même les toilettes du tribunal pour enfants de Pontoise ont servi de lieu pour violer la victime. En proie à « une sidération psychique » la victime revenait de manière incompréhensible sur les lieux où se trouvaient les violeurs. Pour les accusés, c’est clair à leurs yeux, c’était « une meuf facile » et aujourd’hui, pour des raisons qu’ils ignorent, elle veut leur causer des ennuis. Cette pensée exprime bien le gouffre béant qui sépare leurs consciences des faits et la réalité telle qu’elle apparaît au tribunal. Aucune demande de pardon, aucun regret, pire cette parole folle : « Je comprends sa peine, mais je m’excuse pas » a lâché un des accusés à la barre. On comprend alors la sévérité des jurés.
Comme l’a mentionné l'avocat de l’un des accusés : « c’est la rencontre de deux fragilités ». La victime est très souvent une cible vulnérable, souffrant d’instabilité affective. Les agresseurs évoluent très souvent dans un milieu déstructuré. Les parents pour la plupart ont baissé les bras par impuissance. «Ces adolescents vivent pour la plupart dans des familles qui n’ont pas la possibilité de réfléchir de manière complexe sur de longues périodes, parce qu’elles doivent constamment gérer l’urgence où les plonge leur précarité. Quand vous ne savez pas vous structurer dans le temps et dans l’espace, vous ne pouvez transmettre les références morales, religieuses ou philosophiques indispensables à l’éducation et à l’épanouissement d’un enfant.» souligne le docteur Maurice Titran, pédiatre à l’hôpital de Roubaix et directeur du Centre d’Action médico-sociale précoce. La prolifération des films pornographiques est aussi un agent de déstabilisation dénoncé par beaucoup de médecins et d’éducateurs. En effet, les jeunes sont de plus en plus tôt initiés à la sexualité par ces films. Le docteur Michel Libert, qui est pédopsychiatre à Lille va plus loin et explique que «la société, fondée sur la consommation et la satisfaction immédiate de ses désirs, propose des repères très contradictoires et ambigus aux jeunes. Surtout lorsqu’on ne leur a pas appris à avoir la distance qui permet de prendre ou de rejeter le modèle proposé. De plus en plus d’adolescents, et même d’adultes, ont du mal à comprendre, par exemple, que l’encouragement à la permissivité et l’incitation au plaisir immédiat diffusés par les médias, et en particulier par la publicité, et la pornographie, sont pour une bonne part illusoires. D’où les transgressions et les passages à l’acte.»
Il ne s'agit pas d'excuser les coupables mais d'essayer de comprendre comment ils en arrivent à de telles horreurs.
Laïd - le 30/10/2009 à 14h32
Votre analyse est très bonne. Je la publierai dans le coprs du blog, si vous en êtes d'accord.
Amitiés,
Sophie
Sophie
Bonjour Sophie

Si vous pensez que ça peut être utile dans la lutte contre ce drame des tournants et à mieux comprendre le problème, c'est bien volontiers
Je précise que je suis éducateur dans un club de prévention.
Laïd - le 31/10/2009 à 10h15
Francine, je viens m'excuser auprès de vous, pour ne pas vous avoir encore écrit. Je le fais dans le we, je le souhaite. Ma fille est hospitalisée, et je n'ai pas trop de temps dispo, avec encore d'autres enfants à la maison. J'espère que vous ne m'en voudrez pas trop...
Sophie a raison, portez plainte, et dès que vous pouvez. ne vous laissez pas impressionner. Après mon propre viol collectif, je n’ai pas osé le faire, d’une part, parce que je connaissais mon violeur, mon copain, et d’autre part, parce que j’avais peur d’eux. J’avais tort. La peur doit être de leur coté, pas du votre.
Prenez conseil auprès des associations de femmes victimes.
Je reviens vers vous très vite, bien affectueusement, Marine
Marine - le 31/10/2009 à 19h20
Je vous remercie Marine
C'est exactement ce que je ressens. Je vous lirais avec un grand intérêt.
Francine - le 01/11/2009 à 00h55