Les femmes hypersexuelles
Quand Georges nie (justifie en fait) le viol d'Olga par sa tenue, c'est insupportable mais malheureusement très courant. Merci de publier mon coup de gueule !
« T’as vu comment elle était sapée ? Pas étonnant qu’elle ait été violée !»
Ce commentaire est hélas bien plus courant que ce qu’on croit. On l’attribue généralement à des personnes n’ayant pas de conscience féministe. Mais il existe également certain-es féministes pour
dire qu’il est du devoir des femmes de ne pas céder aux injonctions patriarcales en matière d’habillement (mini-jupes, strings, tops moulants, talons aiguilles, etc.), et de leur devoir, encore,
de ne pas donner l’occasion de la provocation.
Il s’agit d’une pensée facile. En voyant une femme en mini-jupes et bas-résilles, il est en effet aisé de céder à la pensée : « Elle est folle de s’habiller comme ça, elle cherche à être violée,
ou quoi ? ».
Oui, dans le monde dans lequel nous vivons, cette fille aura certainement l’occasion, habillée ainsi, d’être agressée verbalement ou par des regards insistants. Seulement voilà, penser cela est
une double erreur. D’abord, parce qu’elle provient de la pensée - erronée - qu’on risque davantage d’être violée si on est habillée d’une manière ou d’une autre. Et elle provient de la pensée -
tout aussi erronée - que le viol, c’est la nuit dans un parking ou dans une rue sombre, par un inconnu.
Ces viols existent, mais ils sont minoritaires, et la façon dont on est habillée n’a rien à voir dans l’histoire. Quant aux agressions verbales, idem, la tenue n’a rien à voir non plus. On peut
être habillée comme un sac à patate et subir des agressions du genre : « tu suces » ?
Seconde erreur : celle de penser automatiquement que les femmes doivent s’habiller de telle ou telle façon pour s’adapter aux circonstances. Il est clair que si je vais dans un bidonville, je ne
vais pas me mettre en mini-jupe. Mais je ne vais surtout pas mettre une Rolex et des Ray-Ban. Et cela est valable autant pour les hommes que pour les femmes. A partir du moment où je vais dans un
endroit dangereux, je ne vais pas m’habiller de manière à attirer le regard, mais au contraire de manière à passer inaperçue. Jeans-baskets s’imposent. Et c’est valable aussi pour les
hommes.
A partir de là, je me fais un point d’honneur à m’habiller comme je l’entends. Si je veux sortir le soir en mini-jupe, je le fais. Parce que je sais de toute façon que si je dois être violée, le
jeans-basket n’arrêtera pas mon violeur. Et parce que je sais que j’ai statistiquement davantage de risques d’être violée par des copains à la fête où je vais que dans la rue.
Par ailleurs, je me fais un point d’honneur à m’habiller comme je le veux, malgré les agressions verbales et malgré le reste, précisément comme un acte militant, pour récupérer l’espace public
que certains hommes essayent à tout prix d’avoir pour eux tous seuls.
J’en ai marre que l’on dise que la rue, le soir, c’est dangereux pour une femme. Ça n’est pas plus dangereux que pour un homme. J’en ai marre que l’on me dicte ma conduite, ma tenue. Alors je ne
suis pas folle, je ne vais pas aller me balader à poil à deux heures du matin. Mais un mec non plus ne le ferait pas.
Mais je supporte de moins en moins qu’on me dise que « pour mon bien », « vu les circonstances actuelles », « vu la quantité de prédateurs qui courent les rues », je ferais mieux de m’habiller
comme ci ou comme ça.
Parce que c’est avec ce même raisonnement qu’on en arrive à dire que pour mon bien, je ne dois pas sortir après 23 heures, et pour mon bien, je dois renoncer à l’espace public. Et c’est avec ce
même raisonnement que certaines jeunes filles dans les banlieues se voilent, pour avoir la paix.
Plus il y aura de femmes dans la rue à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, plus elles s’habilleront à leur guise, et plus l’espace public redeviendra mixte. Dire :
« Attention, les mecs s’excitent devant la naissance d’un sein, alors faites en sorte de ne pas les exciter », c’est raisonner par la peur.
C’est-à-dire : ayez peur de leur réaction et prévenez-vous de cette réaction en ne leur donnant pas l’occasion de réagir ainsi.
Mais ce n’est pas avec la peur que l’on fait les révolutions. C’est précisément avec l’inconscience que donne la certitude de lutter pour la bonne cause.